LE SYSTÈME télomères-télomérase, on l’a compris, assure la stabilité du patrimoine génétique. Au-delà de cela, d’autres fonctions sont soupçonnées et montrées. Ce système intervient dans la capacité de prolifération des cellules : dans tous les cas, une cellule doit maintenir ses télomères pour se diviser. Le raccourcissement des télomères mène la cellule et tout l’organisme à la sénescence ; il y a un lien avec l’épuisement des organes, lorsqu’il n’y a plus de possibilité de remplacer les cellules qui se perdent. En même temps, ce système constitue un mécanisme protecteur contre le cancer car il empêche les cellules de proliférer indéfiniment, explique au « Quotidien » José-Arturo Londono Vallejo (chargé de recherche au CNRS et à l’Institut Curie), qui a travaillé avec Elizabeth Blackburn.
Le panorama que ces découvertes ouvrent dans le domaine de la recherche est extrêmement vaste. Il faut, d’une part, comprendre les mécanismes de l’activité enzymatique et des protéines qui interviennent, et, d’autre part, chercher à favoriser la division de cellules normales ou empêcher la prolifération des cellules anormales. En effet, sans télomères et sans maintenance de la télomérase, pas de cancer.
Il n’y a pas encore de médicaments dans les pharmacies, mais des molécules pouvant favoriser l’activité télomérase sont en train d’être testées. Certaines ciblent l’activité enzymatique, d’autres les télomères eux-mêmes. Un produit est en phase III de la recherche dans des cancers hématologiques ; il cible un composant de l’enzyme télomérase et montre un effet direct sur la capacité de prolifération cellulaire (Compagnie Geron).
Beaucoup d’investissements sont réalisés en recherche dans ce domaine. Le processus est présent chez tout organisme ayant des chromosomes linéaires ; aussi les chercheurs peuvent-ils travailler sur des organismes simples, des lignées cellulaires humaines ou des levures.
En pathologie, on connaît la dyskératose congénitale que l’on peut connecter directement à un défaut de la télomérase. Cette maladie fait partie du syndrome dit de vieillissement prématuré ou progéria. Dans le syndrome de Down, on trouve un raccourcissement télomérique, dont on ne connaît pas encore les répercussions, mais qui potentiellement contribue à un vieillissement prématuré.
Les télomères peuvent-ils se rallonger ? Ce n’est pas la règle générale. Mais il y a des observations, comme dans les lymphocytes B où un rallongement survient lors du passage à travers certaines étapes de différenciation.