Des chercheurs israéliens ont comparé les conséquences chez des patients atteints de bactériémie à Gram négatif d’une antibiothérapie de durées différentes : 7 jours ou 14 jours. Les résultats présentés au congrès européen de microbiologie clinique et de maladies infectieuses (ECCMID) montrent l’absence d’infériorité d’une antibiothérapie plus courte.
Les chercheurs ont évalué en priorité la mortalité, le taux de réadmission et d’hospitalisation supérieur à 14 jours, chez 604 patients traités dans trois hôpitaux (en Italie et en Israël) entre 2013 et 2017. Ces patients étaient stables au moment de l’entrée dans l’étude, présentaient principalement des infections urinaires (à 68 %) et une entérobactérie était en cause dans 90 % des cas. Les patients atteints de sepsis ou dont la source d’infection n’était pas contrôlée étaient exclus de l’étude.
Parmi ces 604 patients inclus, 306 avaient été traités par une antibiothérapie de 7 jours, et 298 par une antibiothérapie de 14 jours. Dans le premier groupe, 46 % (141 patients) ont subi l’un des effets évalués en priorité (décès, ré hospitalisation, hospitalisation de plus de 14 jours). Dans le second groupe, ce chiffre était de 50 % (149 patients). Des résultats similaires qui se confirment sur les critères secondaires (mortalité à 30 et 90 jours, développement d’une infection secondaire, infection à C. difficile, durée d’hospitalisation…). Ainsi, 11,8 % des patients du groupe « 7 jours » étaient décédés à 90 jours, contre 10,7 % dans le groupe « 14 jours », une différence non significative. Et les patients du groupe « antibiothérapie courte » avaient à l’inverse pu reprendre plus rapidement leurs activités que ceux du groupe antibiothérapie longue.
« Cela pourrait conduire à un changement dans les pratiques et à une antibiothérapie raccourcie », espère le Dr Dafna Yahav, de l’université de Tel Aviv, qui a dirigé l’étude. Potentiellement, même si nous ne l’avons pas montré ici, cette pratique pourrait aussi réduire les coûts, le développement de l’antibiorésistance et les effets secondaires. Cependant, comme pour toute étude, les chercheurs, avant d’utiliser ces résultats, devraient vérifier qu’ils s’appliquent à leurs patients. »
Réémergence du virus du West Nile en Grèce
Dans un autre domaine : aucun cas humain n’avait été rapporté pendant deux ans mais le virus du West Nile (VWN) est revenu en Grèce et s’est étendu à de nouveaux territoires, entre l’été et le début de l’automne 2017. À partir de 180 patients symptomatiques, une équipe de chercheurs menés par le Pr Athanassios Tsakris (chef du département de microbiologie à l’école de médecine d’Athènes) ont étudié des échantillons sanguins (ou de liquide céphalorachidien). Ils ont diagnostiqué 26 cas de maladie neurologique et 19 cas de « simple » fièvre (les chiffres en population générale sont de 20 % de formes symptomatiques parmi les personnes infectées, et de 1 % de formes neurologiques). Les patients atteints de formes neurologiques étaient âgés de 15 à 91 ans, mais les patients les plus âgés étaient davantage affectés (les cinq décédés avaient tous plus de 70 ans).
La plupart des cas rapportés vivaient dans des zones de Grèce auparavant épargnées par le virus (40 cas sur les 45 diagnostiqués). « Ces résultats prouvent que la Grèce présente les conditions écologiques et climatiques appropriées pour la circulation du VWN, indique le Pr Tsakris. Et la maladie pourrait continuer de se répandre à l’avenir. Une surveillance épidémiologique, des programmes de gestion des populations de moustiques et d’information publique sur les mesures de protection sont cruciales pour prévenir la transmission. » La première grande épidémie de VWN en Grèce a eu lieu en 2010. Elle était considérée comme la plus importante en Europe depuis celle de 1996 en Roumanie.
Résistance d'Escherichia coli
Des chercheurs français ont, pour leur part, identifié de nouvelles mutations chromosomiques impliquées dans le développement de
la résistance d’Escherichia coli à la fosfomycine.
Pour cela, ils ont sélectionné in vitro, à partir de souches sauvages, les souches résistantes à cet antibiotique et recherché les mutations présentes par rapport aux souches sensibles. Ils en ont retenu principalement deux (uhpB et uhpC). Ils ont ensuite utilisé un pool de souches cliniques pour voir si les mutations retenues étaient observées in vivo. La résistance des souches était évaluée par l’analyse de la concentration minimale inhibitrice (CMI) de fosfomycine, c’est-à-dire la concentration d’antibiotique à laquelle la croissance bactérienne était stoppée.
« Sur 20 souches bactériennes, environ la moitié (9) était résistante », précise au « Quotidien » le Pr Vincent Cattoir, directeur du laboratoire « entérocoques » appartenant au centre national de référence de la résistance aux antibiotiques, au CHU de Rennes, qui présente l’étude à l’ECCMID. Les souches sensibles (pour lesquelles les CMI allaient de 0,5 à 8 mg/l) ne montraient pas de mutation, alors que les souches résistantes (pour lesquels les CMI allaient de 64 à 256 mg/l), montraient, elles, des mutations uhpB et uhpC.
« Deux autres mutations, Lon et galU, avaient été repérées mais il s’agit de mutants de second niveau (la CMI était peu augmentée en leur présence) et leur pertinence est mineure, précise le Pr Cattoir. Ces résultats peuvent permettre de mieux caractériser le phénomène de résistance à la fosfomycine et pourraient aboutir à la réalisation d’un diagnostic rapide, à partir des urines. »