Une grande étude européenne (1) a récemment montré que les employés de ménage et les personnes s’occupant du nettoyage de leur foyer présentaient sur le long terme une détérioration des fonctions pulmonaires : utiliser régulièrement des produits ménagers (dans un cadre professionnel ou non) reviendrait à fumer un paquet de cigarettes par jour. Les femmes seraient plus exposées.
Des chercheurs britanniques ont réalisé une revue systématique des études cliniques évaluant l’exposition aux produits de nettoyage et au moins un problème respiratoire chez les agents d’entretien. Ils ont retenu 47 articles (2). L’enjeu était de déterminer si le lien de cause à effet (régulièrement évoqué) entre asthme professionnel et produits ménagers était véritablement fondé, mais également de vérifier si ce même lien pouvait être invoqué pour d’autres pathologies respiratoires.
Cette méta-analyse retrouve bien une association entre l’exposition professionnelle aux produits de nettoyage et le risque de développer un asthme, un constat à modérer cependant, car la perception que peuvent avoir les professionnels de l’impact de ces produits sur leur santé dépasse la réalité de l’examen clinique. Cette revue de la littérature retrouve également un surrisque de développer une BPCO. A contrario, le lien est beaucoup plus ténu pour la rhinite et l’hyperréactivité bronchique.
De 15 à 20 % des BPCO dues à des expositions professionnelles
La Dr Orianne Dumas de l’Inserm (Villejuif) l’a confirmé : les études les plus récentes montrent que de 15 à 20 % des BPCO seraient dues à des expositions professionnelles. En cause, les « VGDF », vapeurs, gaz, poussières et fumées (3). Une étude prospective qu’elle avait menée à partir de la cohorte américaine Nurses’ Health Study II a mis en évidence une augmentation de 22 à 32 % du risque de développer une BPCO parmi le personnel hospitalier en contact quotidien avec des produits désinfectants de nettoyage des sols. Les agents chimiques désinfectants pour les instruments médicaux (glutaraldéhyde) augmentent eux aussi le risque de BPCO.
Cependant, à l’heure actuelle, les études sur les liens entre produits nettoyants et BPCO sont bien moins nombreuses (65) que celles portant sur les liens avec l’asthme (684). Le lien de cause à effet est plus difficile à établir dans la BPCO. En Europe, les deux principales études sont RHINE III et UK Biobank.
Les agents chimiques en cause sont les aldéhydes (formaldéhyde, glutaraldéhyde), la chlorhexidine, l’eau de Javel, les ammoniums quaternaires, l’alcool, l’eau oxygénée, l’oxyde d’éthylène, la chloramine-T… Et beaucoup de produits sont utilisés sous forme de spray, ce qui facilite leur pénétration pulmonaire.
(1) Svanes O et al. Cleaning at home and at work in relation to lung function decline and airway obstruction. Am J Respir Crit Care Med. 2018 May 1;197(9):1157-63.
(2) De Matteis S. et al. Cleaning products and respiratory health in professional cleaners: a systematic review. Poster PA371.
(3) Session « Cleaning agent exposures are they really harmful to lung health ? »
Congrès de l’European Respiratory Society.