Invitées au Congrès national des pharmaciens, Catherine Lemorton (Parti socialiste et soutien d'Arnaud Montebourg), présidente de la commission des Affaires sociales à l’Assemblée nationale depuis 2012, et Claude Greff, déléguée générale aux Affaires sociales pour Les Républicains (LR, soutien de Nicolas Sarkozy), ont livré la vision de leur formation politique sur la santé. Deux candidats à la primaire de la droite et du centre, François Fillon et Alain Juppé, se sont également adressés aux congressistes.
Pharmacienne plus de trente ans, Catherine Lemorton (PS) a cédé son officine l’été dernier pour se consacrer à son rôle politique. Députée depuis 2007 et investie dans tout domaine touchant à la santé, elle est rompue aux questions relevant de la pharmacie. Sa vision ? Continuer le travail commencé avec la loi de modernisation du système de santé dont le décret est paru en janvier dernier, et amorcé par la loi Hôpital, patients, santé et territoires (HPST) de 2009, en particulier sur le difficile travail des transferts de compétences entre professionnels de santé, avec un seul objectif : l'intérêt du patient. « Il y a beaucoup de compétences qui peuvent être transférées vers le pharmacien et vers d'autres professionnels de santé. » Elle indique d'ailleurs que l'amendement au projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) 2017 pour la vaccination à l'officine a été voté en commission « quasiment à l'unanimité de tous les groupes parlementaires », parce que cela va permettre « de toucher des gens qui ne vont jamais chez le médecin ».
Claude Greff (LR) est issue du monde de la santé et députée depuis 2002. Critiquant l'action du gouvernement sur les quatre dernières années, elle constate que « personne n'est satisfait » étant donné les difficultés rencontrées par l'hôpital, les médecins libéraux, les entreprises du médicament, les prestataires à domicile, les paramédicaux et les patients. Rien ne doit « être imposé d'en haut », et Claude Greff compte bien prendre en compte les propositions d'évolution issues de la Grande consultation de la pharmacie d'officine. De même, sa priorité absolue sera de « casser le tiers payant généralisé » pour les médecins, qui « n'apportera pas beaucoup de bénéfices au patient hormis lui déclarer que la santé est gratuite ». Une assertion qui fait bondir Catherine Lemorton, rappelant que « le système de protection sociale est construit sur la participation pleine et entière des concitoyens à travers leurs cotisations », et que « redonner au malade l'impression qu'il coûte est violent ».
Sans être présents pour participer au débat, deux candidats à la primaire de la droite et du centre se sont tout de même adressés aux pharmaciens, via un message audio pour Alain Juppé et via une lettre pour François Fillon.
Pour François Fillon, les « nouvelles missions nécessitent des formations et doivent être rémunérées par un honoraire ». Il propose que le pharmacien ait « un rôle dans les zones sous-dotées ».
De son côté, Alain Juppé souhaite « conserver et conforter le monopole pharmaceutique » et établir avec les pharmaciens un « pacte de confiance ». Il imagine « augmenter le recours aux génériques », « renforcer la prévention, le rôle d'accompagnement et de suivi du pharmacien », « organiser la continuité ville-hôpital », et « confier un rôle essentiel aux pharmaciens dans la télésanté, dans la télémédecine, dans des territoires où les médecins sont peu nombreux à s'installer ».
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