Avec 15 000 nouveaux cas par an en France, le cancer du pancréas est en augmentation. « En 2030, ce sera la deuxième cause de mortalité par cancer après les tumeurs bronchiques. Alors que l’on manque cruellement de traitement efficace, c’est un vrai problème de santé publique », reconnaît le Pr Pascal Hammel, chef du service d’oncologie digestive à l’hôpital Beaujon (Paris).
L’olaparib en traitement de maintenance
Lors de la découverte d’un cancer du pancréas, 5 % des patients présentent une mutation BRCA 1 ou 2. Une telle altération génétique rend sensibles les tumeurs gynécologiques à un inhibiteur de l’enzyme PARP pour ralentir la progression tumorale. Cette mutation a donc été cherchée chez plus de 3 300 patients avec un cancer du pancréas tout venant à travers le monde (12 pays), qui ont d’abord été traités par 4 mois de Folfirinox (combinant 5 FU, irinotecan et oxaliplatine) pour un cancer du pancréas métastatique. Les 154 patients BRCA mutés dont la progression tumorale était contrôlée (stabilisation ou réponse) ont été inclus dans l’essai randomisé de phase III POLO : après tirage au sort, ils recevaient en traitement de maintenance soit un inhibiteur de PARP, l’olaparib, soit un placebo.
« Sous olaparib, la survie sans progression était deux fois plus longue que sous placebo », s’enthousiasme le Pr Hammel, coordonnateur de l’étude en France. En effet, la survie sans progression a atteint 7,4 mois avec l’olaparib versus 3,8 mois sous placebo (p = 0,0038), soit une réduction de 47 % du risque de progression. À 2 ans, 22 % des patients traités par olaparib avaient une tumeur toujours contrôlée (versus 10 % sous placebo). « Il y avait deux fois plus de réponses tumorales sous olaparib (23,1 % versus 11,5 %), avec une étonnante durée de réponse de 2 ans (24,9 versus 3,7 mois) ».
Pour l’instant, aucune différence n’est observée en termes de survie globale (18,9 versus 18,1 mois) mais les résultats ne sont pas suffisamment matures. « Un bénéfice en survie globale va sans doute être difficile à montrer car plusieurs patients ayant progressé sous placebo ont ensuite reçu de l’olaparib », note le Pr Hammel. Si la qualité de vie était préservée, les principaux effets secondaires sous olaparib étaient la fatigue (60 % versus 35 %) et les nausées (45 % versus 23 %).
« C’est le premier essai de phase III international qui valide un traitement ciblé dans le cancer du pancréas, conclut le Pr Hammel. Néanmoins, se pose le problème de la sélection des malades pour la recherche de mutations et des moyens dont il faudrait disposer pour la réaliser à grande échelle ».
D’après la présentation orale (abstr LBA4) T. Golan et al. N. Engl. J. Med, p.1726-1737 2 juin 2019.