Le tabagisme actif est la principale cause de la BPCO, qu’un fumeur a de 3 à 5 fois plus de chance de contracter qu’un non-fumeur. « Cependant, le mécanisme moléculaire expliquant la variabilité de cette atteinte en réponse à la cigarette reste inconnu », a précisé la Dr Mirna Waked, ex-présidente de la Société libanaise de pneumologie. La cigarette entraînerait une inflammation composée de neutrophiles, macrophages et lymphocytes infiltrant le tissu pulmonaire.
Différentes études ont montré l’intérêt du sevrage tabagique. Il réduit l’incidence des exacerbations et des infections ainsi que la décroissance du VEMS. Une meilleure réponse aux bronchodilatateurs et corticoïdes inhalés a été constatée, ainsi qu’une diminution de l’hyperréactivité bronchique (au-delà de l’effet favorable sur le VEMS) et des micronodules au CT-scan. L’histoire naturelle de la maladie est modifiée, et la mortalité globale réduite. « Enfin, une étude toute récente, Chain Cohort (1), a mis en évidence, à un an de sevrage tabagique, une diminution des expectorations, une amélioration de l’activité au quotidien et une baisse de l’anxiété »,
a déclaré le Dr Mirna Waked.
Un profil spécifique
Un tiers des patients hospitalisés pour exacerbation de BPCO sont résistants aux recommandations de sevrage tabagique et continuent de fumer. Leur tabagisme présente de nombreuses spécificités, dont il faut tenir compte. Les fumeurs atteints de BPCO ont en effet un profil de tabagie différent de celui des autres : fumant plus, aspirant plus profondément la fumée, ils sont plus dépendants. Plus de substances toxiques arrivent aux poumons, entraînant le développement de la BPCO. De plus, la dépression est plus fréquente chez ces fumeurs, et elle peut avoir un impact négatif sur le sevrage. Enfin, il existe un véritable cercle vicieux : la prise de poids associée au sevrage est elle-même associée à l’aggravation des symptômes de la BPCO... Les fumeurs souffrant de BPCO doivent donc absolument être aidés dans leur sevrage.
Les études cliniques ont montré que la combinaison de pharmacothérapie et de motivation individuelle sur une longue durée semble efficace. Le premier traitement est le substitutif nicotinique (timbre, gomme à mâcher, comprimé à sucer...). Sans danger pour les dépressifs, la varénicline s’est elle aussi montrée efficace pour des patients souffrant de BPCO légère à modérée. L’acupuncture le serait également, avec peu d’effets indésirables, mais des investigations complémentaires sont nécessaires afin d’élucider son mécanisme d’action.
Des facteurs prédictifs
Le médecin doit chercher à déclencher ou fortifier la motivation du patient à arrêter de fumer, et surtout ne pas se montrer moralisateur. Il peut s’aider de la mesure du souffle.
Les fumeurs les plus motivés sont les plus âgés, ceux qui ont eu une exposition au tabac moindre et ceux qui ont une fonction pulmonaire plus altérée.Les jeunes ont plus de difficultés à suivre un programme de sevrage, tout comme les personnes défavorisées, qui utilisent peu le bupropion et la varénicline, malgré leur efficacité prouvée. Et « un nouveau constat vient d’être fait : le sujet atteint d’une BPCO légère est celui qui a la probabilité la plus faible de réussir un sevrage tabagique », a indiqué la Dr Mirna Waked. Enfin, les patients instruits et ceux vivant seuls, sans partenaire, accordent plus d’importance à la santé en général et semblent plus susceptibles de réussir à arrêter sur le long terme.
Communication de la Dr Mirna Waked (Liban), « Smoking Cessation and COPD », lors de la session commune ERS-SPLF. Congrès de l’European Respiratory Society.
(1) Martínez-González C. Chest. 2018 Aug;154(2):274-285.