Si la proportion d'adultes avec un taux de cholestérol LDL n'a pas évolué entre 2006 et 2015, ils sont, en revanche, bien moins nombreux à avoir réalisé un bilan lipidique, et encore moins à prendre un traitement hypolipémiant. Une baisse qui pourrait être liée à la polémique sur les statines.
Le Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH) de l'agence Santé publique France a dévoilé les résultats d'une étude sur le cholestérol LDL chez les Français adultes en 2015. Mettant en évidence les évolutions intervenues depuis 2006, les chercheurs soulignent en particulier une baisse de 30 % du nombre de patients traités par hypolipémiant. Une nouvelle qui aurait pu être positive si d'autres traitements efficaces avaient remplacé ces médicaments, ou si la population concernée avait diminué. Mais ce n'est pas le cas. Interrogé par « Le Quotidien du Médecin », l'un des auteurs de l'étude note que, « sans doute, une partie de la diminution de prescription (serait) imputable » à la controverse déclenchée par le livre anti-médicaments de Philippe Even et Bernard Debré en 2012. L'épidémiologiste ajoute également qu'il existe une défiance des Français concernant les médicaments en cardiologie depuis le « scandale du Mediator ». Toujours est-il que le chercheur est formel, « on n'aurait pas dû voir une baisse aussi importante ».
Or l'état des lieux établi par cette étude est préoccupant. La proportion d'adultes ayant un taux de cholestérol LDL supérieur à 1,6 g/l est toujours de près de 20 %, mais celle dont le taux dépasse 1,9 g/l augmente. Le dépistage recule chez les hommes comme chez les femmes et la moitié des patients n'était pas au courant de son cholestérol élevé avant le bilan lipidique mené dans le cadre de cette étude. Concernant les traitements, les auteurs soulignent que « 8,8 % des adultes ont bénéficié d’au moins une délivrance d’un traitement hypolipémiant au cours de l’année précédant l’examen de santé », une proportion qui augmente avec l'âge et est bien plus élevée chez les hommes.
Les statines restent le traitement le plus fréquent (au moins une délivrance chez 83,4 % des adultes traités), suivies par les fibrates (15,1 %). Ces deux traitements étaient associés chez 1,3 % des personnes. Un autre traitement (ézétimibe, acides gras oméga 3 ou colestyramine) était délivré chez 11,1 % des personnes, associé à une statine dans 65,7 % des cas. Autorités et experts multiplient les messages de santé publique concernant les dangers de santé liés aux refus et aux interruptions de traitements face à la peur des statines.