QU’IL S’AGISSE de Stéphane Billon, économiste de la santé, ou des représentants syndicaux - Gilles Bonnefond, président de l’USPO* et Philippe Besset, vice-président de la FSPF** - les intervenants sont unanimes, le contexte économique est morose ! En effet, « au projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2014 qui, une nouvelle fois, vise de manière prépondérante le médicament et les soins ambulatoires, s’ajoute une accélération de la maîtrise médicalisée, qui va inévitablement conduire à la baisse des prescriptions », explique Stéphane Billon, économiste de la santé. Et d’ajouter « ces mesures auront nécessairement un impact sur le nombre de pharmacie. Les instances ayant pour objectif, plus ou moins caché, de réduire le réseau ».
Et sans doute les mauvaises nouvelles ne vont pas s’arrêter là. Tous les acteurs de l’officine se déclarent particulièrement inquiets du fait de l’article 40 du PLFSS pour 2014, qui vise à plus de transparence sur les conditions commerciales entre pharmaciens et industriels. « Nous sommes favorables à plus de transparence mais si cela doit conduire à la disparition des contrats commerciaux, on tue le réseau », déclare Gilles Bonnefond. Pour Philippe Besset, « les syndicats ont à mener une double négociation : celle de la mutation professionnelle, avec l’honoraire de dispensation, et celle de la mutation du système de rémunération sur le médicament générique ». Franck Le Meur, directeur des opérations génériques Zentiva, s’inquiète du fait que « cette volonté de plus de transparence conduise en réalité à ouvrir le débat sur le prix, et donc à augmenter la pression sur les industriels, dont les coûts de revient sont déjà optimisés au maximum ». « La transparence existe déjà, ajoute Artur Cwiok, président de Mylan Generics France, les contrôles de la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF), le rapport de l’Inspection générale des affaires sociales (IGAS) de juin 2011, le rapport de l’Autorité de la concurrence, ont déjà tout dit. Alors quelle est la finalité de cet article 40 ? »
De plus, ces mesures interviennent alors que le réseau officinal est d’ores et déjà fragilisé. « Pour la première fois, le chiffre d’affaires (CA) tout cumulé de la pharmacie diminue, constate Philippe Besset, et 56 % des officines sont dans le rouge en terme de CA. »
Des atouts pour évoluer.
Malgré cela, Stéphane Billon en est convaincu, « le pharmacien a des atouts pour évoluer et gagner des parts de marché ». Le déficit de médecins de ville, du fait de la féminisation du métier et d’un attrait supérieur pour l’exercice hospitalier, va nécessairement conduire à de la délégation de tâches, donc davantage de services rémunérés pour le pharmacien. De plus, la Stratégie nationale de santé vise à rationaliser le parcours de soins en ambulatoire, à renforcer la prévention, l’éducation en santé, à lutter contre les inégalités sociales et territoriales… autant de point sur lesquels le pharmacien a un rôle à jouer. « Cela va être dur, mais il ne faut pas observer votre situation sur la base de ce que vous connaissez aujourd’hui, mais prenez en compte ces développements de services pour lesquels Pharmactiv est particulièrement en avance », ajoute-t-il.
Le décret, tant attendu, sur les sociétés de participations financières de profession libérale (SPFPL) constitue également, dans un autre registre, une opportunité pour les pharmaciens, pense Luc Fialletout, directeur général adjoint d’INTERFIMO. « Les dividendes qui vont permettre à la SPFPL de rembourser l’emprunt qui a servi à acheter la pharmacie sont quasiment exonérés d’impôts et de charges sociales, et, de plus, grâce à l’intégration fiscale, les intérêts du crédit peuvent être déduits des bénéfices de la société d’exercice libéral (SEL). » En résumé, les SPFPL peuvent faciliter, entre autres, la prise de parts dans une pharmacie, la sortie d’un associé ou le legs à un enfant pharmacien. Selon Luc Fialletout, « la difficulté majeure sera d’arriver à intégrer progressivement des associés juniors. C’est pourquoi, avec Pharmactiv, nous avons négocié une solution dans ce sens avec un crédit personnel dont le jeune associé titulaire ne remboursera pas le capital avant 4 ans ».
** Fédération des syndicats pharmaceutiques de France.