Passionnée par les sciences en général et la médecine en particulier, le Pr Agnès Buzyn a rejoint le gouvernement d’Édouard Philippe, le Premier ministre choisi par Emmanuel Macron.
Une surprise qu’elle partage, déclarant mercredi lors de la passation de pouvoir avec Marisol Touraine, « je n’aurais jamais imaginé être là un jour ». Aînée de trois enfants, elle suit l’itinéraire du monde médical tracé par son père Élie, chirurgien orthopédiste, sa mère Etty, psychologue et psychanalyste, et deux oncles, l’un chirurgien, l’autre réanimateur-anesthésiste. La chirurgie la séduit, mais il lui manque le contact sur la durée avec les patients, elle se spécialise en hématologie. Elle fait son internat à l’hôpital Necker de Paris, est nommée professeure non sans mal dans un monde d’hommes, dirige l'unité de soins intensifs d'hématologie adulte et de greffe de moelle de 1992 à 2011, rédige plus de 150 publications scientifiques en tant que chercheure et a gardé, jusqu’alors, une activité de consultation d'hématologie à l'hôpital Saint-Antoine à Paris.
Un beau défi
Membre du conseil médical et scientifique de l'Agence de biomédecine (2005-2008) et présidente du conseil scientifique de la Société française de greffe de moelle et de thérapie cellulaire (2008-2011), elle devient présidente de l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (2008-2013). Et se retrouve sous les feux médiatiques au moment de la catastrophe de Fukushima. Elle prend la présidence de l’INCa (2011-2016) lorsque le Pr Dominique Maraninchi est nommé à la tête de l’Agence du médicament. Alors que son mandat se termine, elle apprend la démission du Pr Jean-Luc Harrousseau aux commandes de la HAS. Et se dit que cela lui ferait un beau défi « pour une fin de carrière ». Nommée en mars 2016, son mandat est renouvelé en décembre pour une durée de six ans… mais prend fin avec sa nomination avenue de Ségur mercredi. Le matin même, elle présidait une conférence de presse à la HAS, qu’elle a dû quitter prématurément après un coup de téléphone qui faisait d’elle la nouvelle ministre des Solidarités et de la Santé.
Femme de conviction
Malgré sa discrétion, sa vie privée n’est pas secrète. Divorcée de l’avocat Pierre-François Veil, elle a été la belle-fille de Simone Veil pendant une dizaine d’années, avant d’épouser Yves Lévy, actuel directeur général de l’INSERM, médecin immunologiste spécialiste du VIH. Mère de trois garçons, elle se dit totalement lucide sur l’importance de l’arrivée de la parité dans son ascension professionnelle. Femme de conviction, elle a « en horreur » les dépassements d’honoraires, aimerait qu’il n’y ait aucun « lien d’argent avec le patient » et fustige les pratiques de certains laboratoires en matière de fixation des prix des médicaments, notamment les anticancéreux, ce qui pourrait à terme « menacer l’équilibre financier du système de santé ».
Invitée à la Journée de l’Ordre des pharmaciens en décembre dernier, le Pr Agnès Buzyn a plébiscité la révision du code de déontologie qui inscrit le pharmacien dans un « rôle de santé publique, d’information et de prévention », ainsi que la réussite du dossier pharmaceutique (DP). Elle s’est positionnée en faveur de la vaccination antigrippale de l’adulte en officine : « une mission qui me tient à cœur ».