Publiés le 14 avril dans « Science », leurs travaux de modélisation s’appuient sur les capacités actuelles de prise en charge en soins intensifs aux États-Unis (0,89 lit pour 10 000 adultes) et sur des hypothèses d’absence de traitements et de vaccins, mais aussi sur celle d’une circulation saisonnière du SARS-CoV-2, à l’instar des autres coronavirus humains.
L'immunité de la population, un facteur clé
Les modélisations proposées dépendent également « de manière cruciale » de la durée de l’immunité humaine, qui reste inconnue, insistent les auteurs, soulignant le besoin d’études sérologiques longitudinales pour mesurer son étendue, sa décroissance et le rythme de cette dernière.
Dans tous les scénarios envisagés, les chercheurs ont constaté une résurgence de l’infection dès la levée des mesures de distanciation sociale. L’enjeu pour les politiques de santé publique est donc de parvenir à une modulation de ces mesures pour permettre l’acquisition d’une immunité de la population sans déborder les capacités hospitalières.
« Dans le cas d'une période de distanciation sociale de 20 semaines avec une réduction de 60 % du R0, par exemple, la taille maximale de la résurgence était presque la même que la taille maximale de l'épidémie non contrôlée : la distance sociale était si efficace que pratiquement aucune immunité de la population n'a été construite », notent ainsi les auteurs.
Une modulation selon les capacités hospitalières
Des mesures de distanciation sociale trop strictes empêcheraient ainsi la constitution d’une immunité collective, tandis que des mesures trop courtes aboutiraient à un débordement des capacités hospitalières.
L’augmentation des capacités des services de soins intensifs permettrait en revanche de diminuer les mesures de distanciation sociale, d’accumuler plus rapidement une immunité de la population et de réduire la durée de l’épidémie. Les auteurs observent ainsi à travers les différents résultats de leurs modélisations qu'en parallèle des mesures de distanciation sociale, « l'introduction d'un traitement hypothétique a réduit de moitié la proportion d'infections nécessitant une hospitalisation et a eu un effet similaire à un doublement de la capacité de soins intensifs ».
Les chercheurs concluent que, dans les conditions actuelles, des mesures de distanciation sociale intermittentes se révèlent être les plus efficaces. Se refusant à prendre « position sur la pertinence de ces scénarios », en raison notamment de leur impact social et économique, les auteurs invitent à adapter leurs modèles aux conditions locales, et notamment aux capacités hospitalières.