Tant redoutées par la profession, les velléités des fonds d’investissement et d’autres financiers sur le capital des officines, à l’instar de celles qui ont gagné le secteur de la biologie médicale, pourraient bientôt être stoppées. Les syndicats de la profession en ont eu la confirmation le 30 mai, à l’issue de la journée d’actions, auprès de Yannick Sala (conseiller professions libérales, indépendants et rebond des entreprises au cabinet de la ministre déléguée chargée des entreprises) au ministère de l’Économie et des Finances. « Bercy ne veut absolument pas ouvrir le capital des pharmacies à des non-pharmaciens. La financiarisation est un risque énorme pour la santé et pour l’économie », rapporte Pierre-Olivier Variot, président de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO). « Hors de question d’aller sur ce terrain-là », aurait lancé le membre du cabinet aux syndicats.
Co-construction
Les décrets propres à chaque profession libérale, qui seront publiés à la suite de la loi qui modifiera à la rentrée le statut des sociétés d’exercice libéral (SEL), prévoiront en effet un renforcement du contrôle par les Ordres. Les instances ordinales des professionnels de santé auront ainsi l’obligation de vérifier la régularité des contrats de transmission d’officines ainsi que les pactes d’associés. Et ce, comme s’en félicite Philippe Besset, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), de manière annuelle. Il salue d’autant plus l’initiative de Bercy que les syndicats seront consultés par leur organe de tutelle, en l’occurrence par la direction générale de l’offre de soins (DGOS), avant la publication du décret. Autre ouf de soulagement : le cabinet ministériel a ainsi assuré qu’il n’y a pas de projet de loi visant à libéraliser la vente en ligne de médicaments, porté par le député Marc Ferracci (Renaissance). Ce que confirme le parlementaire lui-même à l’AFP, « il y a bien une réflexion pour savoir s'il est pertinent ou non d'assouplir » les règles de vente en ligne des médicaments sans ordonnance, mais sans « remettre en question le principe du monopole » des officines. « Il ne s'agit pas d'ouvrir quoi que ce soit à la grande distribution, ni de mettre des médicaments sur Amazon. Cela n'a aucun sens », juge-t-il encore. Une « co-construction » pour faciliter la vente qui reposera sur les préconisations des pharmaciens et à laquelle les groupements travaillent ardemment. « Le but : c’est de dire “non” aux plateformes numériques avec des stocks déportés, mais “oui” à une relation numérique directe entre le patient et le pharmacien de son choix », explique Alain Grollaud, président de Federgy, la chambre syndicale des groupements et des enseignes, et artisan du projet.