Au sein d'un corps humain, tous les organes ne vieillissent pas au même rythme. Certains ont même un vieillissement accéléré, défini dans l'étude comme « un organe ayant un âge biologique noté par l'algorithme d'un écart type supérieur à la moyenne du groupe pour cet organe parmi les personnes du même âge chronologique ». Selon l'organe touché, ce vieillissement entraînerait un risque de mortalité de 15 % à 50 % plus élevé au cours des 15 prochaines années.
Une technique non invasive
L'équipe de recherche s'est focalisée sur 11 organes, systèmes organiques ou tissus clés : cœur, graisse, poumon, système immunitaire, rein, foie, muscle, pancréas, cerveau, système vasculaire et intestin. En analysant plusieurs milliers de protéines, elle a déterminé que des niveaux aberrants de près de 1 000 d'entre elles étaient associés à un vieillissement accéléré des organes correspondants.
Grâce à un algorithme d’apprentissage automatique et une simple prise de sang, les chercheurs ont ainsi pu mesurer les niveaux de protéines spécifiques et estimer l'âge biologique des organes.
Prédire la progression d'Alzheimer
L'étude, qui portait sur 2 678 personnes, a ainsi montré que les individus présentant un vieillissement cardiaque accéléré (environ 2 % des participants) couraient un risque 2,5 fois plus élevé d’insuffisance cardiaque que ceux dont le cœur vieillit normalement. Et cela, même s’ils n'avaient aucune maladie active ou aucun biomarqueur cliniquement anormal.
D'autre part, le vieillissement accéléré du cerveau rendait 1,8 fois plus susceptible de présenter un déclin cognitif sur cinq ans, ce qui pourrait « prédire le risque de progression de la maladie d’Alzheimer, tout comme le font les biomarqueurs cliniques utilisés actuellement », suggèrent les auteurs. L'étude met également en évidence un lien entre vieillissement rénal extrême et le risque d'hypertension artérielle et de diabète.
Un risque accru de mortalité
Selon ces résultats, près de 20 % des personnes âgées de 50 ans ou plus avaient au moins un organe vieillissant beaucoup plus rapidement que la moyenne. Ils encouraient alors un risque accru de maladie dans cet organe particulier au cours des 15 prochaines années.
Seulement un participant sur 60 avait deux organes vieillissant à un rythme anormal mais il présentait alors un risque de mortalité 6,5 fois supérieur. L'un des auteurs de l'étude, le Pr Tony Wyss-Coray, neurologue, se réjouit dans un communiqué de presse : « Nous pourrons peut-être soigner les gens avant qu’ils ne tombent malades. »