En 2020, 17 % des adultes étaient en situation d'obésité (indice de masse corporelle [IMC] supérieur à 30), soit près de 8,6 millions de personnes, contre 15 % en 2012 et 10,1 % en 2002. Le surpoids (IMC entre 25 et 30) est, en revanche, en recul de 2 points par rapport à 2012 et retrouve son niveau de 2000, apprend-on également. La proportion d’adultes en surpoids atteint 30,3 %. Près d'un Français sur deux est ainsi en situation de surpoids et/ou d'obésité.
L'enquête, baptisée ObEpi-Roche et réalisée tous les trois ans, a été initialement menée par le Laboratoire Roche, entre 1997 et 2012, avant d’être relancée en 2014 par la Ligue contre l'obésité, en lien avec l’institut de sondage Odoxa et la Chaire santé de Sciences Po, afin de maintenir cette « source fiable sur l'évolution » de l'obésité.
Cette édition intègre un volet consacré aux enfants (pour la première fois) et aux adolescents. Les 2-7 ans sont 34 % à souffrir de surpoids ou d’obésité et les 8-17 ans 21 %. Ces chiffres élevés « posent question sur l'adéquation des seuils actuels pour mesurer » ces phénomènes chez les plus jeunes, estime la Ligue contre l'obésité. Mais si l'obésité « croît progressivement avec l'âge », « sur les dernières années, c'est auprès des Français les plus jeunes » qu'elle a le plus progressé, passant de 5,4 % en 2012 à 9,2 % en 2020 chez les 18-24 ans.
Par ailleurs, « si les femmes restent plus touchées que les hommes », avec respectivement 17,4 % et 16,7 % d'obèses, « c'est auprès de ces derniers que les progressions sont les plus fortes, notamment sur l'obésité massive », « multipliée par 3 en 8 ans (passant de 0,6 % à 1,8 %) », souligne la Ligue contre l’obésité.
L’enquête ObEpi confirme que l’obésité est « corrélée au milieu social » et est « deux fois plus élevée chez les catégories populaires (employés et ouvriers) que chez les cadres (18 % contre 9,9 %) ». Les prévalences varient également selon les régions : l’obésité atteint 22,1 % dans les Hauts-de-France, 20,2 % dans le Grand Est, tandis que les régions PACA (15,9 %), Occitanie (15,5 %), Pays de la Loire (14,4 %) et Île-de-France (14,2 %) sont moins touchées que la moyenne nationale.
En termes de santé, 36 % des personnes obèses interrogées sont traitées pour HTA (42 % chez les personnes en obésité massive), 20 % pour diabète et 18 % pour apnées du sommeil, contre respectivement 20 %, 9 % et 7 % parmi l'ensemble des personnes interrogées.
Une sous-estimation globale
Ces données de prévalence sont utiles pour « adapter au mieux les politiques de santé publique et les programmes de prévention », estime une étude de Santé publique France, qui a quantifié les écarts entre les données anthropométriques déclarées et celles mesurées dans la population générale française, afin d’obtenir une grille de lecture plus fine des enquêtes sur l’obésité.
Selon les travaux publiés le 29 juin, dans le Bulletin épidémiologique hebdomadaire, « d’une manière générale, les hommes et les femmes surestiment leur taille et sous-estiment leur poids, de l’ordre de +0,37 cm et -0,75 kg pour les hommes et +0,70 cm et -1,40 kg pour les femmes ». Ces écarts entraînent une sous-estimation de l’IMC, et en conséquence une sous-estimation de la prévalence de l’obésité.
« Dans l’étude Esteban (2014-2016), cette sous-estimation globale de l’obésité était de l’ordre de -5 points », est-il souligné. Mais l’étude ObEpi de 2012 présente des résultats plus proches de la réalité. « La prévalence déclarée de l’obésité de l’ordre de 15 % était inférieure de 2 points à la prévalence mesurée d’Esteban, relèvent les auteurs. Il est possible que les conditions de réalisation de l’étude ObEpi, demandant aux personnes de se peser elles-mêmes, aient limité quelque peu la sous-déclaration du poids, mais sans toutefois l’annuler ».
*L’enquête a été réalisée auprès d’un échantillon représentatif de 9 598 adultes, de 542 adolescents de 15 à 17 ans et de 1 642 enfants de moins de 15 ans, interrogés par Internet du 24 septembre au 5 octobre 2020.