Les enjeux financiers de la future convention sont doubles. Il s’agit, à la fois, de continuer à désensibiliser la rémunération du pharmacien de la baisse des prix et des volumes de médicaments et de réorienter la rémunération liée à la ROSP génériques. Mais comment définir la base de ces négociations ? Car, de toute évidence la tâche semble complexifiée par la crise sanitaire, comme l’ont d’ores et déjà signifié les partenaires conventionnels. Une situation que Thomas Fatôme, directeur général de l’assurance-maladie explicite par « des rémunérations liées au Covid qui viennent percuter les composantes économiques habituelles de l'officine, alors que certains revenus liés au volume des dispensations ou aux missions de prévention (entretiens) ont été freinés par l'épidémie ». Sur ce dernier point, l’assurance-maladie relève un succès trop faible pour certaines missions : 1 400 officines ont réalisé au moins un TROD angine. Quant aux entretiens, en 2020, 3 200 pharmaciens ont facturé un code traceur de début d’accompagnement.
825 millions d'euros de baisse de prix
Par ailleurs, les disparités se sont creusées au sein du réseau au cours de la pandémie ; les officines absentes du dépistage Covid invoquent ainsi comme raison une rémunération plus faible pour la délivrance de médicaments (140 000 euros en moyenne pour celles qui ne réalisent pas de tests contre 265 000 euros en moyenne pour celles effectuant des tests).
C’est dire si le Covid a brouillé les cartes au sein même de la structure de la rémunération officinale. Cette année, la profession aura perçu 1,589 milliard d'euros au titre des rémunérations Covid. Des revenus spécifiques qui viennent en complément des 1,156 milliard d'euros liés aux rémunérations autres que la marge sur le remboursable et 5,228 milliards de rémunérations liées à la dispensation. Inutile de préciser que cette situation est atypique au regard des années précédentes, y compris 2020 (voir graphique).
L’exercice s’annonce par conséquent difficile pour les partenaires conventionnels qui devront tenir compte des effets Covid sans toutefois faire abstraction totalement de cette manne inattendue. Tout le défi des négociations sera donc de pérenniser une partie de ces ressources supplémentaires. Ceci d’autant plus que le Projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2022 prévoit une nouvelle baisse du prix du médicament à hauteur de 825 millions d’euros. Sans parler de la rémunération de nombreuses missions jugée insuffisante.