Les pharmaciens s’attendent à des lendemains difficiles, quel que soit le vainqueur, et redoutent, après la pandémie, des politiques de rigueur qui ne les épargneront pas. Le gouvernement sortant a défendu les pharmaciens face aux ambitions des plateformes en ligne, en luttant pour l’interdiction des remises sur les prescriptions, mais sans aller jusqu’à interdire leur vente en ligne comme le réclamait une partie de la profession. En outre, le Covid a permis aux pharmaciens de développer plusieurs nouvelles missions et d’être mieux reconnus.
Malgré ces points positifs, le ministre sortant de la Santé, Jens Spahn, un proche d’Angela Merkel, est loin de faire l’unanimité chez les pharmaciens, et son parti a récemment pris des positions qui pourraient ternir encore un peu plus sa popularité. Un député de la CDU propose que les « assistants pharmaceutiques » (PTA), équivalents de nos préparateurs, puissent remplacer les pharmaciens en leur absence, afin de limiter les pénuries et d’éviter des fermetures, mais la mesure fait hurler les pharmaciens. Autre faux pas plutôt mal vécu, le magazine de la CDU publie de superbes publicités sur les ventes en ligne… payées par Doc Morris. Malgré cela, l’adage selon lequel les pharmaciens votent pour la CDU et le reste de l’officine pour le SPD devrait encore se vérifier, car les pharmaciens ne votent pas qu’en fonction de leurs intérêts professionnels. D’ailleurs en dehors des questions relatives au Covid, les deux têtes de liste, Armin Laschet (CDU) et Olaf Scholtz (SPD) ne se sont guère exprimés sur la pharmacie, même si leurs partis promettent de continuer à défendre les officines.
En revanche, le programme très radical des Verts, notamment en pharmacie, risque de ne pas trop séduire les officinaux : ils plaident non seulement pour un développement accru des ventes en ligne, mais aussi pour la propharmacie, la fin du monopole et les propriétés multiples… tout en rejetant « les groupes financiers internationaux ». Reste le parti libéral (FDP), qui joue souvent un rôle d’apport dans les coalitions : longtemps surnommé « le parti des pharmaciens », son étoile y a toutefois pâli ces dernières années. Enfin, les partis extrêmes, de droite comme de gauche, séduisent peu de pharmaciens.
Lors d’un débat avec les candidats spécialistes de la Santé des différents partis, organisé durant le salon Expopharm en ligne, la présidente de l’Association fédérale des pharmaciens (ABDA), Gabriele Overwiening, leur a rappelé que les officines n’ont pas besoin de nouvelles réformes, mais d’un soutien réel qui leur permette de renforcer leurs services tout en assurant leur avenir.