À Hazebrouck (Nord), 22 000 habitants, Hélène et Nicolas Carette, titulaires de la pharmacie Carette-Bateman, ont acquis trois maisons proches de leur officine de centre-ville, et les ont transformées en un espace santé. Cinq cabinets sont aménagés pour des médecins depuis deux ans, mais restent vides.
Cécile et Bertrand Vanbremeersch, pharmaciens à Barlin (Pas-de-Calais), une ville de 8 000 habitants, avaient entrepris leur recherche de médecin dès 2010. La ville comptait alors trois médecins, proche de la retraite. Les deux pharmaciens ont créé, en 2015, un cabinet pour trois médecins et diffusé des avis de recherche. En vain, pour l'instant.
Isabelle Leclere et Catherine Jouen, co-titulaires de la pharmacie d'Andeville, une commune de 3 300 habitants au sud de Beauvais (Oise), ont ouvert depuis juin 2020 un pôle santé dans une maison remise à neuf. Un médecin est en activité, bien qu'il ait dépassé l'âge de la retraite, et Didier Leclere, époux d'une pharmacienne et médecin à Beauvais, consulte à Andeville trois demi-journées par semaine.
Il faut donc deux médecins, pour l'instant introuvables
À Songeons, bourg de 1 100 habitants, également dans l'Oise, il y avait quatre médecins, il en reste deux, pour la commune et les villages à l'entour. Marie Neyrolles et Astride Mylle avaient transféré leur officine pour des locaux plus grands, et aménagé en même temps deux cabinets pour des médecins. Sans résultat, pour l'instant.
Il n'y avait plus de médecins en 2015 à Le Sourn, commune de 2 200 habitants du Morbihan. Un quatrième généraliste pose sa plaque en janvier 2021, employé municipal comme ses trois confrères et les deux secrétaires médicales.
« On est là pour prendre soin de notre population », affirme Jean-Jacques Videlo, maire de Le Sourn. La commune avait étonné en recrutant un médecin salarié, en 2017. Pour le maire, il fallait sauver la santé, sauver la pharmacie, mettre en avant le service aux habitants.
Agnès Bascou, le quatrième médecin, exerce déjà, mais comme remplaçante d'un autre médecin, arrêtée pour grossesse. Le Dr Bascou a déposé une candidature spontanée en mairie pour l'esprit d'équipe. Elle s'ajoutera aux trois médecins en place au retour de la jeune maman. « Nous avons voulu permettre à des médecins de travailler, ils sont très motivés, fonctionnent en équipe, et attirent », reprend Jean-Jacques Videlo. Cela a été le cas du Dr Bascou et d'un couple de jeunes kinés qui s'installeront bientôt dans l'ancienne cantine communale.
L'offre de santé de Le Sourn compte aussi trois infirmiers, deux kinés, un neuropsychologue, un musicologue, un ostéopathe, une sophrologue et une pharmacienne. « Le maire a très bien œuvré, estime Valérie Le Tellier, la titulaire arrivée en 2017. Les communes perdent leur médecin, la pharmacie a failli fermer. Même les habitants de Pontivy viennent se faire soigner à Le Sourn. » Avec une assistante à mi-temps et deux préparateurs, la consœur souligne les « très bonnes relations » entre professionnels et observe la « tranquille progression » de son chiffre d'affaires.
Les investissements dans des cabinets pour attirer des médecins sont-ils toujours dénués d'arrière-pensées immobilières ?, s'interroge Jean-Jacques Videlo. « Une commune investit de l'argent public dans la santé parce que celle-ci est à la base de la vie de chacun. On ne savait pas comment le faire au départ, mais on a tous appris ensemble. » La santé, un service au public, un service public ?