Dans une mise à jour de ses recommandations de prise en charge du Covid publiée le 9 février, l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) rappelle que l’arsenal thérapeutique est désormais réduit aux antiviraux Paxlovid (nirmatrelvir/ritonavir) en première intention et Veklury (remdesivir) en deuxième intention en cas de contre-indication formelle au Paxlovid, et en l'absence de contre-indication notamment rénale.
Cette mise à jour suit les conclusions des avis du Comité de veille et d'anticipation des risques sanitaires (Covars) de décembre dernier et du groupe AvATher de l'ANRS-MIE de janvier, reprises début février dans un « DGS urgent », qui établissent la mise en échec des autres traitements par les variants en circulation.
Evusheld hors jeu
En curatif, les combinaisons d’anticorps monoclonaux Evusheld (tixagévimab/cilgavimab) et Ronapreve (casirivimab/imdevimab) ne sont ainsi plus recommandés. Si le second a été exclu dès l’arrivée d’Omicron, la mise sur la touche du premier n’a été confirmée qu’avec la circulation des derniers sous-variants d’Omicron, et notamment en France BQ.1.1. Jusque-là, il pouvait être prescrit « sous réserve de la sensibilité de la souche » circulante.
De même, en prophylaxie pré-exposition, les anticorps monoclonaux ne sont plus recommandés. Dans un premier temps, le recours à Evusheld avait été maintenu dans cette indication, malgré une perte d’efficacité face aux différentes lignées d’Omicron, avec un doublement des doses. Mais les dernières données, dont certaines issues de l’étude française Precovim qui a évalué cette posologie chez des patients immunodéprimés, « ont confirmé la perte totale de l’activité neutralisante du cilgavimab sur le variant BQ.1.1 », indique l’avis de l’ANRS-MIE.
Un numéro vert pour la prescription du Paxlovid
Reste donc le Paxlovid, indiqué en curatif chez les patients adultes non oxygénorequérants et à haut risque de forme sévère. Il est à administrer « le plus précocement possible après le diagnostic de Covid-19 et au maximum dans les cinq jours suivant l'apparition des symptômes », rappelle l’ANSM. Une ordonnance conditionnelle d'une durée de 3 mois maximum peut être établie afin de faciliter l'accès au traitement en pharmacies de ville, est-il ajouté.
Pour accompagner la prescription de ce traitement qui comporte un risque important d'interactions médicamenteuses, un numéro vert, le 0800 130 000, est mis en place (cinq jours sur sept de 9 heures à 18 heures) en lien avec la Société française de pharmacologie et de thérapeutique (SFPT), le réseau des centres régionaux de pharmacovigilance et le réseau des laboratoires de pharmacologie. Il permet aux prescripteurs de s'assurer de la bonne indication et de gérer les interactions médicamenteuses via un contact avec un médecin ou un pharmacien.
Lors de l’appel, il est important de disposer « de l’exhaustivité des traitements du patient, de sa dernière clairance de la créatinine ou créatininémie, et de ses données de suivi pharmacologique le cas échéant (tacrolémie par exemple) », est-il précisé. La SFPT mettra à jour régulièrement la liste des interactions médicamenteuses.
Le Xevudy en curatif à l'étude
En cas de contre-indication formelle, le Veklury peut être prescrit en deuxième intention. En l'absence de contre-indication notamment rénale, il est à administrer par perfusion intraveineuse sur trois jours. Il est à démarrer « le plus précocement possible après le diagnostic du Covid-19 et dans les 7 jours suivant l'apparition des symptômes », est-il rappelé. Les patients doivent faire l’objet d'une « surveillance étroite » pendant et après l'administration en raison du risque de réactions liées à la perfusion et/ou d'hypersensibilité, mais aussi sur le plan de la fonction rénale.
Une autre option curative est en cours d’examen. « La place de Xevudy dans cette indication reste à déterminer sur la base d'une évaluation en cours de son activité antivirale sur les sous-lignages dominants », indique l’ANSM.