Sous la houlette de son président Jacques Fleurentin, la Société française d’ethnopharmacologie a conçu ces visites pour sensibiliser le grand public, et notamment les enfants et scolaires, à l’intérêt de la flore traditionnelle pour les médicaments. Elles sont assurées par une animatrice touristique, dont les commentaires et les anecdotes rendent plus abordables ces sujets parfois complexes pour les profanes. Toutes les plantes sont, elles, entretenues par les jardiniers de la ville de Metz.
La visite commence par un jardin des simples, soigneusement compartimenté par catégorie thérapeutique, qui montre comment les moines soignaient aussi bien leurs maux digestifs que leurs articulations, leur gorge ou leur cœur. Juste en face, et plus inquiétant, le jardin des toxiques illustre les noirs desseins de certains herboristes d’antan. Au milieu des fleurs et des massifs, l’animatrice évoque les grands siècles des poisons, de l’Italie de la Renaissance à la France de Louis XIV, en rappelant qu’il existait même des « écoles des poisons » pour mieux se former à cet art implacable.
Trinquer pour ne pas être empoisonné !
Volontairement loin de l’exposé pharmacologique, elle souligne ainsi que l’habitude de trinquer en heurtant les verres permettait autrefois à l’invité de s’assurer que son hôte ne l’empoisonnait pas, puisque quelques gouttes des deux verres se mêlaient forcément lors du choc. Ce sont aussi de fort belles plantes qui permettaient d’empoisonner discrètement la moitié d’un gâteau partagé avec un convive ou de fabriquer des clés mortelles, qui tuaient par contact celui qui cherchait à les utiliser ; plus communément, des plants de digitales et de belladone, mais aussi de muguet et de gui, ne laissent pas deviner combien ces plantes peuvent être dangereuses, voire mortelles. Il en est de même du ricin qui, innocemment assoupi contre un mur du cloître, n’en génère par moins une substance aussi létale qu’indétectable… Voisinant pour sa part avec le coca et le pavot, l’aconit ou tue-loup ne connaît, lui, aucun antidote et promet à sa victime une fin d’autant plus douloureuse qu’elle restera consciente jusqu’au bout.
Le parcours se complète par la visite du droguier, qui réunit les principales substances minérales, végétales et animales servant à la confection des médicaments : au-delà de ses propres collections, la Société présente des vitrines et des pots anciens donnés par la faculté de pharmacie de Nancy. Si la Société organisait déjà une visite hebdomadaire de ses collections et des jardins, elle s’ouvre désormais plus largement au public, avec, jusqu’à fin septembre, cinq visites par semaine, organisées par thème. Elle souhaite ainsi mieux se faire connaître, et envisage en outre de réaménager sa salle d’exposition. Toutefois, le public se montre encore timide, et les visites sont loin de faire le plein, alors qu’elles le méritent largement : les organisateurs attendent donc avec impatience le retour des touristes comme des Messins pour animer les beaux jours du cloître.
Visites sur réservation à Société française d’ethnopharmacologie, 1 rue des Récollets, 57000 Metz. Par téléphone : 03 87 74 88 89 ou par mail : contact-sfe@sfr.fr Participation aux frais : 5 €/personne.