La revue « Prescrire » lance le débat

Un autre regard sur l’automédication

Publié le 05/02/2009
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LORS de la remise de ses palmarès 2008, la revue « Prescrire » a organisé un débat sur l’automédication. L’occasion pour plusieurs associations européennes (patients, consommateurs et pharmaciens) de livrer un point de vue critique sur la place que tient, selon elles, le médicament à prescription facultative dans un monde de consommation et de communication commerciale. « Le segment européen de l’automédication évolue vers le modèle anglo-saxon, peu régulé, et on observe en parallèle une médicamentation croissante de l’existence », déplore pour sa part le pharmacien Marc-Henry Cornély, secrétaire général de l’UEPS (Union européenne des pharmacies sociales). Suite du réquisitoire : l’automédication est surtout selon lui un moyen de « recycler d’anciens médicaments, plus à la mode, et/ou déremboursés pour SMR insuffisant ». Mais le pharmacien ne se veut pas seulement critique ; Marc-Henry Cornély donne en effet sa chance à l’automédication dans le « champ normal des soins personnels », pourvu, dit-il, que cette « pharmacothérapie soit à la fois personnelle, rationnelle et responsable ». À cet égard, il recommande à ses confrères de systématiser au comptoir le questionnement de type QUIDAM (Qui est-ce ? Depuis quand existe la plainte ? Actions déjà entreprises ? Médicaments utilisés ?).

Côté consommateurs, c’est l’économiste Ilaria Passarani, conseillère politique santé pour le BEUC (Bureau européen des unions de consommateurs) qui livre son point de vue sur le thème de l’automédication. Là encore, le propos est à la fois sévère et alarmiste : « La surconsommation de médicaments non soumis à prescription est coûteuse, parfois inutile, voire dangereuse », estime Ilaria Passarani qui dénonce par ailleurs les effets pervers des « switches », et pointe même dans certains cas, leur dangerosité. Pour l’économiste, l’indépendance de l’information sur le médicament à prescription facultative est l’une des conditions du choix éclairé du patient-consommateur. « Une coopération entre les patients, les professionnels de santé et les autorités compétentes est utile pour déterminer quels médicaments doivent être mis à disposition en accès libre », conclue-t-elle.

D.D.

Source : Le Quotidien du Pharmacien: 2636