AVEC LEURS recommandations, Olivier Jardé, médecin légiste récemment nommé à l’Académie de médecine, et Edwige Antier, pédiatre de renom, entendent « bousculer » les choses, tout en gardant raison. Il ne s’agit pas de faire « d’amalgame antivaccinal », prévient Olivier Jardé. La décision de demander, « au nom du principe de précaution », un moratoire sur les adjuvants aluminiques figure parmi les « mesures fortes » qu’ils veulent voir reprendre par le Haut Conseil de la santé publique (HCSP). Le prochain calendrier vaccinal devrait être publié à l’occasion de la semaine européenne de la vaccination qui aura lieu du 21 au 27 avril 2012. « Au vu des résultats d’un certain nombre d’études réalisées sur la migration de l’aluminium, il semble qu’un moratoire sur l’alumine, utilisé comme adjuvant dans un certain nombre de vaccins, soit nécessaire en attendant de recueillir davantage de données scientifiques sur ses conséquences éventuelles, en particulier dans les cas de vaccinations d’enfants en bas âge et de vaccinations répétées. » Parallèlement, ils souhaitent que la recherche de nouveaux adjuvants non neuromigrants soit encouragée et que la présence d’hydroxyde d’aluminium soit clairement indiquée sur chaque boîte. En tant que membres du groupe d’études, les députés Gérard Bapt (PS) et Anny Poursinoff (EELV) auraient voulu aller plus loin : le premier proposant que, pour chaque vaccin obligatoire, une version sans aluminium soit disponible et la seconde se disant « plutôt favorable à une interdiction ». Pour Olivier Jardé, la suppression de l’alumine n’est toutefois pas d’actualité, raison pour laquelle, faute de produit de remplacement, aucune date butoir n’a été fixée pour le moratoire. « La décision de demander un moratoire et d’inscrire la présence d’aluminium sur les boîtes constituent déjà un signal très fort aux labos », argumente-t-il.
Vaccin contre le papillomavirus.
Le groupe d’études estime nécessaire « d’entamer une réflexion sur le caractère obligatoire de certains vaccins ». La question se pose pour le vaccin ROR (rougeole, oreillons, rubéole) : « les récentes épidémies de rougeole ayant entraîné des décès d’adultes et de nourrissons en France nécessitent de rendre ce vaccin obligatoire ». Le « maintien du caractère obligatoire de vaccins même non altruistes » est également recommandé. De manière générale, « il y a moins de contestation quand les vaccins sont obligatoires », explique Edwige Antier qui souhaiterait que l’obligation puisse s’appliquer à toutes les maladies graves et fréquentes (polio, tétanos, coqueluche). Mais pour Anny Poursinoff, le caractère obligatoire des vaccinations « demeure problématique ». « Je ne peux m’y associer » puisque cette mesure nécessiterait « l’organisation d’un débat public participatif s’appuyant sur des données scientifiques plus complètes et systématiques », commente-t-elle. Concernant le BCG, il est proposé d’élargir le cercle des personnes visées par les recommandations, notamment celles qui voyagent « dans des pays où la tuberculose est plus répandue ». Il faudrait surtout rechercher un nouveau mode d’administration que la méthode intradermique ou, à défaut, retourner à la bague, plaide Olivier Jardé.
S’agissant du vaccin contre certains papillomavirus, le groupe d’études préconise la publication annuelle d’un rapport bénéfices-risques de ce vaccin avant de confirmer sa recommandation par les autorités publiques. La question de son efficacité reste en suspens. « En outre, le vaccin disponible, le Gardasil, contient du borax, substance pour laquelle les scientifiques manquent encore de recul en ce qui concerne ses effets à long terme. » Les députés s’inquiètent aussi de la répercussion négative sur les dépistages par frottis et rappellent que « l’utilisation de préservatifs demeure le moyen de prévention le plus efficace à ce jour ».
La vaccination dépend toujours d’un « dialogue avec le médecin », insiste Edwige Antier. Mais, au regard de la réticence exprimée « par un courant non négligeable de la population », le groupe d’études est favorable à la signature, par les patients, d’un document « les informant des conséquences possibles, pour eux-mêmes et leur entourage, de l’absence de vaccination, et officialisant leur refus de se faire vacciner en dépit des recommandations de leur médecin ». À charge pour les médecins, de bénéficier d’une formation « plus poussée » en vaccinologie qui ne fait aujourd’hui l’objet que de « quelques heures de cours dans l’ensemble du cursus » d’un généraliste. Les députés recommandent également de « renforcer l’utilisation de la possibilité de déléguer l’administration des vaccins aux infirmiers », de favoriser les vaccins multivalents qui limitent les adjuvants et assurent une meilleure couverture vaccinale et d’éviter les vaccinations inutiles avec le recours aux tests de sérologie et d’immunologie. Edwige Antier appelle également les citoyens à respecter le calendrier vaccinal, « pesé et mûrement réfléchi » par les autorités de santé publique.
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