TROD, dispensation protocolisée, télésoin…

Le pharmacien gagne du terrain

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Publié le 06/01/2020
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Depuis la mise en place des entretiens pharmaceutiques et de la vaccination à l’officine, les missions du pharmacien ne cessent de s’étoffer. À compter de ce mois de janvier, les officinaux peuvent réaliser des TROD angine qui seront pris en charge par l’assurance-maladie. Et demain, ils pourront réaliser du télésoin, des dispensations protocolisées, des interventions pharmaceutiques, devenir pharmacien correspondant…
TROD angine

TROD angine
Crédit photo : S. Toubon

Janvier 2020 est un mois opportun pour les missions du pharmacien, qui s’enrichissent de la réalisation de TROD angine désormais remboursable chez les adultes et les enfants à partir de 10 ans.

En pratique, lorsqu'un patient avec une angine se rend spontanément à l’officine, le pharmacien peut lui proposer de faire un test angine. Tout d’abord, il soumet son patient au questionnaire de Mac Isaac (5 questions) afin de savoir si la réalisation du TROD est nécessaire. Dans l’affirmative, le TROD angine est effectué dans l’espace de confidentialité par le pharmacien. Si le résultat est positif (angine à streptocoque), le patient est orienté vers le médecin avec les résultats du test pour une prescription d’antibiotiques. Dans le cas contraire, le pharmacien propose des médicaments conseils afin de soulager les symptômes. La réalisation du test par le pharmacien est tarifée 6 euros HT en métropole, et remboursée à 70 % par l’assurance-maladie. Le pharmacien peut également réaliser le TROD angine après la visite chez un médecin qui a fourni à son patient une ordonnance conditionnelle d’antibiotiques. Un test positif est alors facturé 6 euros HT et les antibiotiques sont délivrés. Un test négatif est facturé 7 euros HT sans délivrance d’antibiotiques et accompagné des explications du pharmacien.

Si le TROD angine remboursable est entériné, ce n’est pas encore le cas des autres missions inscrites dans la loi de santé. Il manque encore des textes de loi pour qu’elles soient mises en place, que leur tarif et leur remboursement soient fixés. Par ailleurs, la plupart d’entre elles ne pourront pas se faire hors du cadre de l’inter-professionnalité.

Dispensation protocolisée

Parmi ces missions inscrites dans la loi du 24 juillet 2019, on compte la dispensation protocolisée. En pratique, il s’agit d’autoriser les pharmaciens à dispenser, en cas d’urgence et de manière très encadrée, des médicaments de prescription obligatoire pour certaines pathologies bénignes spécifiques, telles que les cystites, conjonctivites, rhinites, eczéma… La liste précise des pathologies reste à définir, ainsi que la rémunération de l’acte.

Autres nouvelles missions : le pharmacien pourra prescrire certains vaccins, ou encore, en cas de rupture de stock d’un médicament d’intérêt thérapeutique majeur (MITM), substituer le médicament concerné par un autre médicament.

Le télésoin

Après la téléconsultation déjà effective en pharmacie, le télésoin devrait faire son entrée. Mais en quoi consiste-t-il ? Il s’agit d’un suivi à distance qui met en rapport un patient avec un pharmacien d'officine (ou un professionnel de santé paramédical). En pratique, le pharmacien pourra réaliser un entretien pharmaceutique ou un bilan partagé de médication par vidéotransmission. Toutefois, il aura dû au préalable avoir réalisé un premier soin en présence physique du patient avant de passer par la case vidéotransmission. Il reste encore à définir par arrêté les activités de télésoin qui seront autorisées, après avis de la Haute Autorité de santé, et de fixer le tarif et la prise en charge par voie conventionnelle.

Intervention pharmaceutique

Une autre avancée a été obtenue, inscrite cette fois-ci, non pas dans la loi de santé, mais dans un avenant conventionnel passé entre les pharmaciens et l’assurance-maladie (avenant 19) : c’est « l’intervention pharmaceutique », autrement dénommée « dispensation adaptée » par le pharmacien, acte qui sera rémunéré. Toutefois - ce qui n’est pas pour plaire à tout le monde - ce nouvel acte a été obtenu en contrepartie de la diminution du montant de l’honoraire de dispensation à l’ordonnance complexe de 1,02 euro à 0,30 euro au 1er janvier 2020 et de la suppression de la ROSP RPPS. Dans le détail, l’intervention pharmaceutique consiste à valoriser la non-dispensation par le pharmacien de tout ou partie des traitements à posologie variable (mentions « en cas de douleur », « si besoin », « de 3 à 5 jours », etc.). Il est applicable cette année même.

D’autres petites améliorations également présentes dans l’avenant 19 : la simplification des bilans partagés de médication (BPM), qui s’appliquent désormais à tous les patients de 65 ans et plus, polymédiqués (au moins cinq molécules ou principes actifs prescrits). Par ailleurs, les BPM seront étendus, sous forme d’expérimentation, aux patients résidant en EHPAD.

Enfin, le pharmacien correspondant, statut qui a été reconnu par la loi santé, sera opérationnel. Les pharmaciens qui désirent se lancer devront faire une déclaration auprès de l’assurance-maladie. Le pharmacien correspondant peut renouveler ou adapter la posologie des traitements des patients chroniques, à la demande ou avec l’accord du médecin traitant, et dans le cadre d’un exercice coordonné (maison de santé pluri-professionnelle, d’une équipe de soins primaires ou d’une communauté professionnelle de territoire de santé, CPTS).

Charlotte Demarti

Source : Le Quotidien du Pharmacien: 3567