Nous serions bien incapables de dire si cette campagne auprès des jeunes produira le moindre effet. Il nous semble néanmoins que, dans la liste des présidents qui ont eu recours à toutes sortes de procédures pour se faire aimer par certaines catégories de l'électorat, celle-ci est inédite. Jacques Chirac, au terme d'un débat avec des jeunes sur l'unité européenne, a fini par baisser les bras et par dire à ses interlocuteurs : « Je ne vous comprends pas ». Cependant, le seul fait qu'ils fussent tentés par les sirènes de l'extrême droite alors que seule la générosité, habituellement, les enthousiasme, prouve qu'ils sont influençables. Il ne devrait pas être trop difficile de les ramener, au nom des libertés, dans le giron des institutions.
Macron n'est pas le seul à être entré prématurément en campagne ; il a entendu les premiers discours prononcés dans le cadre des élections régionales et départementales, et il s'est lancé dans la présidentielle. Ce qui indique un peu de nervosité, provoquée par une année difficile. Et pourtant, c'est d'avoir vaincu les obstacles dressés sur son parcours qui lui permettra, peut-être, d'être réélu. Aussi bien les techniques de communication multiples auxquelles il a recours ne sont-elles que la décoration d'une bataille autour de quelques grands thèmes, parmi lesquelles la pandémie. Une rechute du pays n'est jamais impossible, mais le consensus est clair : grâce à la vaccination, la France approche, jour après jour, de l'immunité collective.
Un mandat affreux
Si nous évitons en septembre un quatrième confinement, nous percevrons les dividendes d'un très fort rebond économique susceptible de nous apporter quelques bonnes surprises, par exemple une réduction du taux de chômage suffisante pour faire taire momentanément les revendications syndicales. Tous les partis politiques sont conscients que ça va mieux ; c'est pourquoi les régionales se sont transformées en répétition et pourquoi Macron y est entré de plain-pied.
On ne rappellera jamais assez que les erreurs de communication du pouvoir ou ses fautes de gestion n'ont pas été aussi nombreuses que les tirs groupés d'événements négatifs sur le mandat du président. Il avait à peine commencé à réformer un pays qui en a pourtant grand besoin qu'éclatait la révolte des gilets jaunes. Elle l'a contraint à reculer, et à payer, après une grève des transports publics qui a mis les usagers à genoux. Puis la pandémie a soufflé sur le pays un vent empoisonné. Les procès en gestion de crise sont encore en cours, mais le verdict, quand il sera prononcé, devra inclure tous les résultats. La seule chose qui compte, c'est que le virus a été combattu par l'équipe Macron, et par nulle autre. Il est facile de dire qu'une autre équipe aurait mieux fait, qu'elle aurait été mieux préparée, et que nous n'aurions, grâce à elle, manqué de rien, ni de vaccins, ni de lits de réanimation, ni de masques ni de blouses.
Juger sans que la comparaison soit possible est une forfaiture. La critique est d'autant plus aisée qu'on ne saura jamais ce qui se serait produit si la gauche ou la droite avaient eu le pouvoir entre 2017 et 2022. En revanche, la pandémie a fait tomber les masques, si j'ose dire. L'épisode de la liste LR de Paca a clairement montré qu'il y a chez les Républicains une fraction pro-Le Pen et une autre pro-Macron. Que Renaud Muselier ait réussi, après avoir été tancé par les Ciotti et les Retailleau, à maintenir en gros sa liste pluraliste suffit à démontrer que Macron continue d'incarner un espoir démocratique et qu'il demeure le meilleur barrage contre l'extrême droite. Ce n'est pas que Marine Le Pen soit un monstre avec un couteau entre les dents. Elle s'est amendée à plusieurs reprises, de sorte que, s'il est vrai qu'elle a pris des troupes à LR, elle n'est plus très différente de la droite classique. Ce qui compte, ce sont les très nombreux adhérents du RN qui sont beaucoup plus à l'extrême droite mais n'ont pas de meilleur parti pour les représenter.