L’article 51 thérapies orales est une expérimentation nationale, qui s’inscrit dans le PLFSS 2018. Au total, 15 000 patients en France vont pouvoir bénéficier d’un suivi de leur chimiothérapie orale, coordonné entre la ville et l’hôpital, dont 1 000 à 1 500 en Auvergne-Rhône-Alpes (Aura). De ce fait, une pharmacie sur deux de la région Aura pourra être sollicitée pour l’un de ses patients.
« L’objet de cette expérimentation est de répondre à une arrivée de plus en plus importante sur le marché de ville des traitements de chimiothérapie par voie orale, explique Florence Durupt, secrétaire générale de l’URPS pharmaciens Auvergne-Rhône-Alpes. Ce sont des médicaments techniques avec des contraintes de prises. » L’objectif est de mettre en place autour du patient un réseau de professionnels de santé qu’il choisit en ville (médecin traitant, pharmacien d’officine, infirmière libérale), coordonné avec une équipe à l’hôpital : oncologue, infirmière de coordination et pharmacien hospitalier.
Conduit par la DGOS, l’article 51 est piloté par Unicancer et se déploie dans un premier temps dans 24 sites pilotes en France, dont les 4 groupements hospitaliers des Hospices civils de Lyon (HCL), le Centre Léon Bérard de Lyon et les centres hospitaliers de Bourgoin-Jallieu et de Vienne. Après cette première phase pilote du 1er octobre 2021 au 1er juillet 2022, une phase d’expérimentation se déroulera sur 45 sites du 1er juillet 2022 au 1er juillet 2024.
« Cette expérimentation s’inscrit dans le virage ambulatoire », complète le Pr Catherine Rioufol, cheffe de service de la pharmacie du groupement hospitalier Sud aux HCL et professeure à la faculté de pharmacie de Lyon. « De plus en plus de patients peuvent bénéficier des chimiothérapies orales. Cela leur permet d’avoir moins de contraintes (moins de visites à l’hôpital, plus d’autonomie) mais ce sont des comprimés qui ne sont pas dépourvus d’effets indésirables ou d’interactions médicamenteuses et qui posent aussi un problème d’observance. Il faut un bon suivi entre la ville et l’hôpital, sinon le risque d’hospitalisations non programmées augmente », souligne-t-elle.
Entretiens pharmaceutiques
Concrètement, lors de l’expérimentation, le patient est inclus par l’hôpital. Il désigne alors son pharmacien d’officine, qui est contacté par l’équipe hospitalière pour lui demander s’il souhaite travailler avec eux dans le cadre de l’article 51. S’il accepte, le pharmacien est alors enregistré par l’hôpital, il remplit un bulletin d’adhésion et reçoit un cahier des charges pour la prise en charge du patient. « Lors de la première phase, celle d’initiation du traitement, il faut s’assurer que le patient a bien compris son traitement. Puis, à chaque renouvellement, il peut bénéficier d’un entretien pharmaceutique sur un thème différent : tolérance, effets indésirables, interactions médicamenteuses. Dans un troisième temps, si la tolérance est bonne, le pharmacien peut alors faire un suivi un peu plus distal du patient », détaille Florence Durupt. L’expérimentation peut durer 10 mois, voire plus, pour un même patient.
« À chaque fois qu’on le voit le patient, nous lui demandons comment les choses se passent. Le pharmacien s’adapte à son patient », ajoute-t-elle.
L’élue URPS conseille à ses confrères de « ne pas s’inquiéter en amont. Ce sont souvent des traitements que nous n’avons pas en stock, mais nous pouvons échanger avec le pharmacien hospitalier qui nous informe sur le traitement. L’intérêt de l’expérimentation est de pouvoir échanger facilement avec les professionnels hospitaliers. Nous communiquons via une messagerie sécurisée, très intuitive et simple à utiliser ».
L’URPS pharmaciens met à disposition des ressources documentaires pour aider les officinaux qui seront sollicités. Pour Florence Durupt, « cette expérimentation est une chance pour la profession de mettre en avant une plus-value de l’acte pharmaceutique ». Elle a démarré le 1er octobre et doit durer 33 mois.
* Voir notre édition du 12 novembre.