Le Quotidien du pharmacien.- Quelles tendances relevez-vous dans les premiers bilans de l’année 2023 ?
Nicolas Baldo.- Deux éléments ont déjà été relevés en cours d’année, à savoir la fin de l’impact positif du Covid et la hausse des médicaments chers (prix supérieur à 150 euros) et très chers (prix supérieur à 1930 euros) qui conduisent à une hausse de l’activité mais à un taux de marge très faible. On estime ainsi que les premiers induisent une marge de 5 %, remises commerciales comprises, tandis que la marge apportée par les seconds atteint à peine 2,5 %. Nous notons par ailleurs deux autres faits. Les pénuries de médicaments commencent à peser sur les remises commerciales, et par conséquent sur la marge car les volumes de ventes ne sont plus atteints. Autre signal, les répartiteurs accordent davantage des plans d’étalement ce qui souligne l’émergence de difficultés de trésorerie pour certains pharmaciens.
Dans un contexte macroéconomique marqué par une hausse du Smic de 1,13 point au 1er janvier ainsi que par une inflation à 3,7 % en décembre, faut-il s’attendre à ce que la rentabilité officinale soit à nouveau entamée au premier semestre ?
Nous avons l’impression que la pénurie de personnels a tendance à se relâcher, la hausse des coûts salariaux devrait par conséquent se tasser un peu. Néanmoins, l’inflation et la hausse du point de 3 % sur les salaires vont continuer à jouer, ce qui ne manquera pas de peser à nouveau sur la rentabilité. Tout va donc dépendre de l’issue de l’avenant. Mais d’ores et déjà, les pharmaciens peuvent réaliser certaines nouvelles missions, les entretiens prévention liés à l’âge, les TROD angine et cystites…
Les syndicats de la profession ont annoncé vouloir concentrer les négociations sur une revalorisation des honoraires. Estimez-vous cette stratégie pertinente ?
Je les rejoins tout à fait car ils prônent un pharmacien acteur de santé. On se rend compte aujourd’hui que ce sont les honoraires qui contribuent le plus à la marge sur le médicament dont ils constituent la moitié quand le générique pèse pour 30 % et le princeps pour 20 %. Certes, on pourra objecter que le chiffre d’affaires sur le princeps génère des honoraires de dispensation, néanmoins, la marge sur le générique est beaucoup moins contributive depuis la mise en place des honoraires. Toute la difficulté avec les nouveaux honoraires, qui sont censés dégager 100 % de marge, est d’évaluer dans quelle mesure ils pourront être obtenus avec des ressources humaines à périmètre constant, ou bien s’ils engendrent des heures supplémentaires. Dans ce cas, ils ne manqueront pas de peser sur la rentabilité de l’officine.