Tourisme

Les Îles Féroé, aux confins de l’Europe

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Publié le 06/07/2023
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Dix-huit îles et 54000 habitants oubliés entre l’Atlantique et la mer du Nord. Appartenant au Danemark, dotées d’une large autonomie et de paysages spectaculaires, les Féroé, avec leur air de monde originel, sont l’occasion devenue rare en Europe de découvrir des paysages et des villages inédits, loin des circuits touristiques habituels. D’origine volcanique mais dépourvu de volcans, contrairement à l’Islande voisine, l’archipel est une destination secrète au décor digne de « Game of Thrones ».

Múlafossur

Múlafossur
Crédit photo : PHOTOS PHILIPPE BOURGET

Ici, d’immenses falaises plongent brutalement en mer, de petites routes de montagne se jouent des reliefs de basalte et des prairies à moutons – le fil rouge des Féroé, ils sont partout  –, des villages minuscules tapis au fond de baies cachées s’accrochent à une terre noyée de pluie et de brume, les vues plongent sur des fjords secrets… Surchauffe assurée pour les appareils photos, même en cas de mauvais temps ! Plusieurs sites appartiennent à la légende des Féroé. Tel est le hameau de Gásadalur, sur l’île de Vagar. Au bout d’un court chemin menant à pied devant une haute falaise, le spectacle laisse bouche

bée. La cascade géante de Múlafossur se jette avec fracas dans l’océan, depuis un plateau verdoyant où s’égrène une poignée de maisons. Le tout se déploie sous les versants ravinés d’une montagne humide. Le lieu est ahurissant de beauté.

Les îles du Nord sont les plus spectaculaires. Depuis Tórshavn, la capitale provinciale (22000 habitants) de l’archipel, un tunnel sous-marin à rond-point, unique en Europe, relie à l’île d’Eysturoy. Après avoir longé les fjords Skálafj rður puis Funningfj rður, la route s’arrête au village de Gjógv. On y découvrira avec bonheur de romantiques maisons en bois aux toits recouverts d’herbe (tradition locale d’isolation), des poissons séchés suspendus aux façades et cette incomparable atmosphère de brume océane, dévoilant à demi la pointe émeraude du Miðdagsfall (601 m).

Un autre hot spot se trouve sur l’île de Streymoy. La route le long du fjord Sundini conduit à la cascade Fossá, double chute d’eau fracassante, la plus grande de l’archipel. Elle précède le village miniature de Tjórnuvik. Au bord d’une plage grise où les Féroïens viennent cueillir des algues, il est entouré d’un amphithéâtre spectaculaire de montagnes, ruisselantes de rivières. La voiture de location permet de fouiller les recoins de l’archipel, à la recherche des lieux les plus sauvages.

La marche permet aussi de percer l’intimité des Féroé. Un réseau de sentiers plutôt bien balisé offre mille opportunités de randonnées à la journée, souvent très ventées. La balade menant au phare de Mykines, l’île la plus occidentale de l’archipel, face à l’immensité océane, est réputée. En 2h30, elle dévoile des paysages vertigineux (déconseillé avec de jeunes enfants) et le spectacle fascinant des macareux, présents en été. Surnommée « l’île aux oiseaux », Mykines attire de nombreux fans de birdwatching.

Aller aux Îles Féroé, c’est aussi découvrir une gastronomie unique. Poissons, agneaux, pommes de terre et rhubarbe forment le quarté gagnant de la table féroïenne. Pêchés le long des côtes ou par les navires-usines du grand large, tous les poissons se retrouvent dans l’assiette. C’est aussi le cas du saumon, issu des nombreuses fermes d’élevage de l’archipel. Mais la grande affaire culinaire des Féroé est le ræst. Séchés à l’air libre ou dans des cabanons ventilés, les poissons et la viande prennent au bout de plusieurs semaines un goût fumé-fermenté inimitable. On aime ou on fait la grimace… mais il faut tester au restaurant ce symbole fort de la cuisine locale ! Oursins, fulmar (oiseau marin), skerpikj t (jambon de mouton fermenté) et drylur (petit pain) sont aussi au menu.

Évidemment, le voyage aux Îles Féroé donne aux esprits curieux l’occasion de découvrir un style de vie atypique. L’archipel vit – et plutôt très bien – de la pêche et des fermes d’élevage de saumons. Très attachés à leur identité, les habitants disposent d’une large autonomie institutionnelle et ont choisi de ne pas appartenir à l’Union européenne. La langue, le féroïen, est différente du danois et les îles émettent des billets qui n’ont pas cours au Danemark ! Ces différences stimulent un vrai sentiment national et un désir d’indépendance plutôt majoritaire dans la population.La vie quotidienne, elle, n’est pas simple mais les Féroïens, confortés par leur prospérité, s’accommodent parfaitement du climat rude et de leur isolement. Bien rodé, le système de transport est efficace. Tunnels sous-marins, ferries et hélicoptères connectent les îles entre elles. Prendre un vol régulier en hélicoptère pour rejoindre les plus isolées, comme les font par exemple les habitants de Svínoy ou de Fugloy, est d’ailleurs une expérience parfaite pour toucher du doigt la vie originale des habitants de cet archipel des confins.

Philippe Bourget
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Source : lequotidiendupharmacien.fr