Présenté mercredi en ligne, le « baromètre annuel des pharmaciens » 2020, effectué par un institut de sondage auprès de 500 titulaires représentatifs pour le compte de l’ABDA, l’association faîtière de la profession, a fait le point sur les attentes et les craintes de la pharmacie en ces temps incertains.
Outre-Rhin, 74 % des officinaux abordent l’avenir de la profession avec appréhension, contre moins de 8 % d’optimistes et 18 % d’indécis. Ce chiffre est toutefois un peu meilleur qu’en 2019, où le baromètre de l’ABDA, avait révélé près de 80 % de pharmaciens pessimistes pour l’avenir. Par ailleurs, les chiffres sont meilleurs en ce qui concerne l’avenir de leur propre officine : certes, seulement 1,8 % des titulaires s’attendent à une nette amélioration, 7 % estimant que cela ira « un peu mieux », mais ils ne sont aussi « que » 49 % à se prédire un avenir plus difficile qu’actuellement. En d’autres termes, si le Covid-19 est devenu la première préoccupation des pharmaciens, il n’a pas pour autant aggravé leur « déprime ». Comme les autres années, ce sont les contraintes bureaucratiques, suivies des ruptures de stock et des « retaxations », c’est-à-dire les refus de paiement par les caisses de certaines délivrances dans lesquelles elles ont décelé des erreurs de forme, même minimes, qui compliquent le plus la vie des pharmaciens. Le contact et les conseils aux patients, mais aussi l’indépendance professionnelle et une bonne ambiance au sein de l’équipe représentent, à l’inverse, les principales satisfactions des titulaires.
Réalisé durant l’été, le « baromètre » attribue la petite amélioration du moral des pharmaciens à la nouvelle loi sur les officines, qui améliore notamment la rémunération des services, et doit surtout interdire les remises sur les prescriptions consenties par les pharmacies virtuelles… même si beaucoup d’officinaux redoutent que cette loi soit insuffisante pour évacuer totalement ce risque. Le président de l’ABDA, Friedemann Schmidt, appelle néanmoins ses confrères à se montrer confiants pour l’avenir, et souligne par ailleurs que le danger de voir Amazon prendre pied dans le domaine de la pharmacie, à côté des pharmacies en lignes déjà existantes, n’est, pour le moment du moins, pas d’actualité.
La publication du baromètre annuel a coïncidé avec celles de nouveaux chiffres concernant la démographie, qui révèlent une nouvelle diminution du nombre d’officines en 2020 : fin septembre, l'Allemagne avait encore perdu 221 officines par rapport au 1er janvier dernier : avec désormais 18 854 officines, le pays compte désormais autant de pharmacies que les deux Allemagnes au milieu des années 1980, avant la réunification. Enfin, les pharmaciens sont peu nombreux à envisager d’embaucher des collaborateurs supplémentaires, quel que soit le niveau de leurs fonctions, mais rares aussi sont ceux qui envisagent de réduire leur personnel. D’ailleurs, le recrutement de nouveaux collaborateurs et le choix d’un futur successeur font partie eux aussi des difficultés qui tracassent les pharmaciens quand ils pensent à leur avenir.