Publiée dans « Science », l’étude s’est appuyée sur les caractéristiques démographiques de la population et des contacts sociaux associés, mais aussi sur les hypothèses d’une immunité collective à 10 % et d’une détection de 50 % des cas cliniques pour examiner la capacité du traçage numérique des contacts, associé à d’autres mesures (dépistage, isolement, mesures barrières, etc.) à contenir la propagation du SARS-CoV-2.
Dans un scénario de transmissibilité élevée (R = 2,6), la seule mesure d’isolement des cas et des contacts permettrait de réduire l’incidence maximale de 27 %. Selon les projections, le bénéfice de cette mesure pourrait être amplifié par l’utilisation d’un outil numérique de suivi des contacts : si une application est utilisée par 20 % de la population, la baisse de l’incidence s’établit à 35 % et à 66 % avec 60 % d’adoption d’une application (soit 90 % des personnes possédant un smartphone).
Dans le cas d’une circulation contrôlée (R = 1,7), l’adoption de l’application par 20 % de la population conduit à une réduction de l’incidence 45 %. La baisse atteint même 89 % avec 60 % d’adoption. Avec un niveau d’adoption supérieur à 30 %, « l’occupation des unités de soins intensifs resterait en dessous du niveau de saturation avec une incidence inférieure à 0,4 / 1 000 habitants », relèvent les auteurs. Une adoption de l’ordre de 20 %, associée à une détection plus efficace des cas cliniques et infracliniques (80 %), conduirait à une réduction relative de l’incidence de 47 %.
Une protection pour les plus âgés, même s’ils n’ont pas de smartphones
Selon les auteurs, l’isolement strict des cas et des contacts permet de réduire la transmission dans tous les contextes, avec un effet moindre sur les lieux de travail. À l’inverse, l’adoption d’un outil numérique a un impact élevé au travail et dans les transports. « Ce résultat montre l’effet indirect du traçage numérique : en raison du rôle central des adultes dans la transmission du SARS-CoV-2 vers toutes les tranches d’âge, éviter les infections adultes conduit à moins de transmission aux personnes âgées », expliquent-ils.
La recherche des contacts basée sur les applications offre ainsi une protection pour les personnes âgées malgré la faible pénétration des smartphones dans cette catégorie d’âge. Mais, pour l’heure en France, après le flop de « StopCovid », l’application « TousAntiCovid » n’avait été téléchargée, en novembre 2020, que par 13 % de la population, sans indication sur l’activation et l’utilisation effective de l’outil par les usagers.