L’encens est une gomme-résine lactescente, d’où son nom arabe de lûban (le lait) de couleur jaune pâle à rougeâtre, récoltée sur des arbres après scarification du tronc. Boswellia sacra est originaire des zones désertiques d’Arabie, du Yémen et d’Oman et B. carterii de Somalie.
Les fumigations parfumées qui émanent de la résine brûlée ont de tout temps suscité l’intérêt des grandes civilisations, égyptienne, grecque, romaine et arabo-persane. Les rois mages n’ont-ils pas apporté à l’enfant Jésus de l’encens, de la myrrhe, une autre gomme-résine, et de l’or ? Les sources d’approvisionnement étaient très convoitées : le temple de la reine Hachepsout à Louxor (XIVe siècle av. J.-C.) envoyait des expéditions en Somalie à la recherche de l’encens, ingrédient rentrant dans la composition des baumes d’embaumement des momies. Le grec Alexandre le Grand tenta de contrôler l’approvisionnement venant d’Arabie en occupant l’île de Socotra au IVe siècle av. J.-C. et les Romains avec Aelius Gallus envoyèrent au Ier siècle à partir de l’Égypte une expédition militaire vers le Yémen pour contrôler les sites de production de l’encens. Les Yéménites conservèrent le monopole de son commerce par caravanes jusqu’au VIe siècle.
L’encens est réputé pour ses nombreuses vertus médicinales : en médecine grecque Galien (IIe siècle) le recommande pour fortifier l’estomac et lutter contre les mucosités, en médecine arabo-persane il est préconisé contre les diarrhées et les vomissements (Xe siècle) et en médecine ayurvédique contre les maladies inflammatoires chroniques des intestins et des articulations et dans les maladies nerveuses.
Acides boswelliques et tirucallénique.
La résine renferme des structures chimiques originales : les acides boswelliques a et b, de l’acide tirucallénique et une huile essentielle riche en a-thuyène et a-phéllandrène et des mucilages.
Les travaux de pharmacologie ont montré des effets anti-inflammatoires dans des modèles d’inflammation aiguë chez le rat (œdème à la carragénine) et chroniques ainsi que des effets antalgiques. Les acides boswelliques réduisent la 5-lipoxygénase et la dégradation des glucosaminoglycanes impliqués dans le renouvellement des cartilages. Des études cliniques complètent ces évaluations en particulier dans les maladies chroniques intestinales comme la maladie de Crohn ou la rectocolite hémorragique.
Une action antidépressive a également été démontrée.
On dispose en pharmacie d’extraits de résine ou de résine brute.
Une huile essentielle d’encens est obtenue par distillation à la vapeur d’eau de la gomme-résine. Elle comprend principalement des carbures monoterpéniques (a-pinène et limonène) et des carbures sesquiterpéniques (b-caryophyllène).
Les actions antimicrobienne, immunostimulante, anti-inflammatoire et cicatrisante en font une huile essentielle intéressante en application locale dans les affections cutanées, les cicatrices et dans les affections respiratoires en inhalation.
Du bon usage des plantes qui soignent (2018) Fleurentin J., Éditions Ouest France, 380 p. Du bon usage de l’aromathérapie (2018) Fleurentin J., Éditions Ouest France, 206 p. www.ethnopharmacologia.org