Bilan 2023

Le nirsévimab, une arme contre la bronchiolite

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Publié le 04/01/2024
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L’arrivée du nirsévimab, un anticorps monoclonal anti-VRS à une seule injection, ouvre la voie à un arsenal préventif de la bronchiolite. La priorité, cette première année, est donnée aux nouveau-nés et aux nourrissons vulnérables, dans l'espoir de pouvoir le proposer à tous les nourrissons de moins de 12 mois dès le prochain hiver.

Crédit photo : BURGER / PHANIE

Moins d'un an après l'obtention de son autorisation de mise sur le marché (octobre 2022), le nirsévimab (Beyfortus, laboratoire Sanofi-AstraZeneca), un anticorps monoclonal dirigé contre le virus syncytial respiratoire (VRS), a été mis à disposition en France dès septembre, l'un des quatre pays au monde à l'adopter aussitôt (États-Unis, Espagne, Luxembourg).

De grands espoirs ont été placés dans cette immunisation passive, l'épidémie de l'an passé ayant été très virulente, avec une saturation des services d'urgences (95 000 passages) et un nombre record d'hospitalisations (50 000). Compte tenu du délai de fabrication, le gouvernement avait commandé 200 000 doses très tôt début 2023, avant même l'avis des autorités sanitaires.

La France est le seul pays à avoir voulu le déployer à l'échelle de tous les enfants de moins d'1 an dans leur première saison épidémique. Mais le nirsévimab, victime de son succès (lire page 30), a dû être réservé aux nouveau-nés et nourrissons les plus vulnérables, faute d'un approvisionnement suffisant.

Par rapport au palivizumab, déjà utilisé chez les nourrissons à risque, l'efficacité du nirsévimab est comparable mais sa durée de vie est de 150 jours, ce qui correspond à la période épidémique. Une seule dose suffit, quand il faut cinq à six injections par hiver pour le palivizumab.

Efficace une semaine après l'injection

Le nirsévimab bloque la partie du virus responsable de son invasivité, il n'y a pas de stimulation des défenses immunitaires. L'anticorps est efficace de façon optimale une semaine après l'injection. « Les essais cliniques menés avec cet anticorps montrent une efficacité tout à fait remarquable sur la diminution des formes graves de la maladie et des hospitalisations », avait indiqué au Quotidien la Pr Christèle Gras-Le Guen, pédiatre au CHU de Nantes. Le nirsévimab n'empêche donc pas l'infection, d'où l'importance des mesures barrières de manière complémentaire.

Aucun effet indésirable sévère n'a été rapporté et; parmi les effets mineurs; il n'y avait pas de différence de fréquence par rapport au placebo (fièvre modérée, rougeur au point d'injection, etc.).

Si la priorité pour cette première saison est de protéger les nouveau-nés dès la maternité ainsi que les enfants suivis pour une maladie chronique ou anciens prématurés, « l'objectif à terme sera bien de proposer l'immunisation à tous les enfants de moins d'1 an », souligne la Pr Gras-Le Guen. Par ailleurs, un possible échappement du nirsévimab en cas de variants n'est pas exclu. « Il est prévu durant cette saison de travailler avec le centre de référence des VRS de manière à analyser les situations d'infection à VRS chez les enfants qui auront été immunisés », indique la Pr Gras-Le Guen.

L'arrivée possible d'un arsenal thérapeutique plus large (vaccination en fin de grossesse ou des nouveau-nés) permettra d'optimiser la stratégie de prévention de ces bronchiolites sans se départir des mesures de bon sens que sont les gestes barrières.

En pratique, que conseiller aux parents de tout-petits ? La Pr Gras-Le Guen précise : « Il s'agit d'éviter les lieux confinés et très fréquentés (galeries marchandes en période de Noël...), éviter les contacts avec des personnes malades contagieuses (...), porter soi-même un masque et se laver les mains si on est parent enrhumé, le temps que l'infection guérisse, sans oublier les mesures plus habituelles, comme aérer régulièrement, ne pas fumer dans l'environnement du bébé ou encore encourager l'allaitement maternel. »

Dr I.D.

Source : Le Quotidien du Pharmacien