Il faut se souvenir de la polémique qui accompagna le lancement du Juke il y a un peu plus de dix ans pour mesurer le rôle qu’il a joué dans l’évolution des goûts automobile. Le moins que l’on puisse dire est qu’il suscita autant de critiques que de louanges. Certains censeurs montèrent au créneau pour dénoncer son physique tarabiscoté et son côté provocateur à la limite de la bienséance. D’autres louèrent au contraire sa volonté affichée de casser les codes en matière de style. Les femmes furent les premières à céder au charme de cet engin haut sur pattes, compact, au style décalé, amusant à conduire. Attachées pourtant au moindre détail, elles passèrent sous silence les imperfections de finition, les plastiques durs et le confort un peu spartiate. Des péchés de jeunesse auxquels Nissan a progressivement remédié.
Si le Juke (4,21 m) reste aujourd’hui une icône, sa cote de popularité a tendance à fléchir. En une décennie, l’eau a bien sûr coulé sous les ponts. Le pionnier des crossovers urbains a vu débarquer une escouade d’assaillants (2008, C3, Captur, Mokka, etc.) déterminés à lui faire la peau. Séries spéciales, motorisations plus efficientes, qualité des matériaux, association des couleurs lui ont permis d’entretenir la flamme auprès de ses fans. Pas question pour autant de relâcher son effort. Sous la pression de la réglementation, Nissan a donc revu sa copie. Le prototype Juke Hybrid Rally Tribute préfigure l’arrivée imminente d’une version hybride (moteur essence 94 ch et électrique 49 ch) davantage en phase avec l’actualité. Une transition avant le basculement dans le tout électrique ? Cela paraît évident.
Remis au goût, très bien équipé en finition N-Design, le Juke est d’un commerce agréable. L’absence de compteur numérique, la taille de l’écran tactile (7 pouces), le peu de place accordé aux passagers arrière, le volume du coffre (422 l) et les tarifs ne jouent hélas pas en sa faveur. À l’usage, le moteur essence 1 l 3 cylindres 114 ch, assorti à une boîte mécanique ou double embrayage, s’apprécie surtout en ville. Sorti de son terrain de jeu favori, le Juke a tendance à rêvasser. À une époque où la performance pure est passée de mode, c’est finalement plus un atout qu’un inconvénient.
Prix du Nissan Juke 1 l 3 cylindres, 114 ch essence : bvm 6, de 21 090 à 28 140 € ; boîte auto double embrayage 7 rapports, de 24 990 à 29 840 €.