L'orage a grondé toute la nuit, puis le soleil s'est levé sur le désordre créé par la pluie. L'on pouvait aller à pied jusqu'au bureau de vote, sur un chemin sinueux entre un collège et quelques murs de briques recouverts des frondaisons luxuriantes de l'été surgissant. Le silence des hommes répondait au chant des oiseaux, comme si la nature se moquait du devoir civique. Les électeurs étaient encore masqués, comme pour accentuer le secret du vote. Nous étions peu nombreux, presque embarrassés par la procédure pourtant routinière du scrutin, même pas fiers d'être sortis de bonne heure pour donner l'exemple. Le résultat avait-il de l'importance ? Il fallait être là, mais déjà nous imaginions, à vue de nez, le taux d'abstentions. Nous évaluions le nombre d'irréductibles que la luminosité du ciel, la fin de la tempête, la discrétion remarquable du vote n'avaient pas encore convaincus d'aller jusqu'à l'urne, dans une école maternelle ; elle nous rappelait notre innocence perdue, notre enfance si heureuse, les contines que nous avons oubliées, la maîtresse que nous adorions. Nostalgie d'un monde pourtant pas si lointain où les choses justes étaient les plus simples ; et que nous avons compliquées, et pas à notre avantage.
Humeur
Le calme après l'orage
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Publié le 25/06/2021
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Richard Liscia
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Source : Le Quotidien du Pharmacien