Le câlin médicament

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Si je vous parle de câlinothérapie, vous penserez tout de suite à ce comportement très « politique » qui consiste, pour un homme ou une femme de pouvoir, à flatter son auditoire pour mieux faire passer la pilule… Disons-le tout de suite, ce n’est pas de ce type de « thérapie » que je veux évoquer aujourd’hui. Car si la métaphore du câlin thérapeutique a un sens dans son acception « politique », elle aurait aussi un sens au premier degré. Physiologiquement parlant, je veux dire. C’est ce qu’ont tenté de démontrer des chercheurs du Social brain lab de l’Institut néerlandais des neurosciences et de l’hôpital universitaire d’Essen en Allemagne. Ces derniers ont cherché à savoir si, au-delà du bien-être physique et mental qu’ils pouvaient apporter, les câlins et caresses étaient capables de réduire la douleur, l’anxiété, la dépression ou encore le stress. Leur étude, parue dans « Nature human behaviour » est intitulée : « Revue systématique et méta-analyse multivariée des bienfaits des interventions tactiles sur la santé physique et mentale ». Autrement dit, câliner, caresser fait-il du bien au corps et à l’esprit ? Pour cela, ils ont examiné 212 études portant sur 12 966 adultes, enfants et nourrissons « exposés » à des contacts physiques (câlins ou caresses). Résultats ? Oui, le simple contact physique peut apporter un soulagement de la douleur et de l’apaisement lorsqu’il s’agit de réduire le stress ou l’anxiété. Et ce, quel que soit l’âge du patient. Le fait de connaître la personne « caressante » n’aurait pas non plus d’influence sur les bénéfices attendus. À noter toutefois, chez le nourrisson, le câlin médicament est plus efficace s’il est administré par la mère. Enfin, si la caresse en chair et en os vient à manquer, les chercheurs l’ont constaté, même un robot tactile peut enlacer avec succès des patients en demande. Seule différence, les troubles de santé mentale comme l’anxiété ou la dépression résisteraient plus au contact de la machine qu’à l’humain. Pour les auteurs cela suggère clairement l’importance de la composante émotionnelle associée au toucher.

Didier Doukhan

Recherche-Science Neurologie Allemagne Pays-Bas