L'été a été ponctué par des déclarations de scientifiques remettant en cause l'horizon d'une immunité collective.
« Avec ce variant [Delta], nous sommes dans une situation où l’immunité collective n’est pas possible à atteindre, car il infecte toujours les individus vaccinés », a ainsi déclaré le 10 août Andrew Pollard, directeur de l’Oxford Vaccine Group, qui a co-développé le vaccin d’AstraZeneca. « La vision que l’on peut avoir de l’immunité de groupe aujourd’hui n’est malheureusement pas celle d’il y a dix-huit ou même six mois », a estimé le 15 août le Pr Alain Fischer dans « Le Journal du Dimanche ». « Imaginer qu’il existe un seuil à partir duquel il n’y aura plus de problèmes et qu’une partie de la population sera protégée sans avoir besoin de s’immuniser est une illusion », commentait dans « le Monde » le Pr Jean-Daniel Lelièvre, chef du service immunologie clinique et maladies infectieuses à l’hôpital Henri-Mondor de Créteil. « Il n’y a pas de consensus aujourd’hui pour dire à combien s’élève le taux de vaccination qui nous garantirait une immunité collective dans un contexte de variant Delta », avait encore résumé Olivier Véran, le 17 août.
« De telles déclarations pessimistes, largement diffusées au cours du mois d'août, n'ont pas été contredites, aggravant l'hésitation vaccinale chez les indécis et permettant aux mouvements anti-vaccination de renouveler un argumentaire défraîchi », réagit dans un communiqué, le 8 septembre, l'Académie de médecine.
Vers une infection banale
« Cette pandémie prendra fin, tôt ou tard, lorsqu'une immunité collective, soit post-infectieuse, soit post-vaccinale, parviendra à la contrôler », assure la rue Bonaparte.
La vaccination universelle n'éradiquera pas le SARS-CoV-2, mais elle peut accélérer la transformation de la pandémie vers un profil d'infection banale à recrudescence saisonnière, avec une circulation des variants sur un mode endémique ou épidémique, mais avec de faibles taux de morbidité et de mortalité, considère l'Académie nationale.
Elle recommande donc d'encourager encore et toujours la vaccination, en « restant confiant dans l'efficacité de la vaccination vis-à-vis des formes graves de Covid-19, bien démontrée au cours de cette quatrième vague épidémique » et en remplaçant le passe sanitaire par un passe vaccinal, encore plus contraignant. Elle appelle aussi à maintenir le port du masque et les mesures barrières chez tous les vaccinés, et d'évaluer, dès l'autorisation des vaccins de seconde génération, l'avantage de les administrer comme rappels pour mieux prévenir la transmission.