« Le DP-Ruptures était jusqu’à présent méconnu des confrères », reconnaît Pierre Béguerie. De fait, c’est souvent sans le savoir que les officinaux utilisent ce signal automatique de rupture d’approvisionnement, 70 % des LGO disposant de cette fonctionnalité, précise le président de la section A (titulaires). « Ainsi, si dans les 72 heures un produit n’est pas disponible, le fournisseur reçoit l’information et met en place un dispositif pour livrer l’officine, géolocalisée grâce à son code Finess. »
Voilà pour la fonction initiale du DP-Ruptures. Mais, sous l'effet de la crise et des évolutions programmées, cet outil connaît actuellement un déploiement tel qu’il va devenir incontournable dans les mois à venir. Les grossistes-répartiteurs, qui ont accès au DP-Ruptures depuis un an et demi, travaillent à son optimisation, notamment sous l’angle de l’anticipation, de la reconstitution des stocks et d’une meilleure circulation des produits, comme l’annonce Jean Fabre, P-DG de Phoenix Pharma. L’Ordre des pharmaciens de son côté est en passe de lui ajouter une nouvelle fonctionnalité : « il sera possible de se procurer un produit manquant en urgence auprès du fournisseur quand le grossiste-répartiteur ne le détiendra pas en stock. Un envoi de demande de dépannage simplifié par rapport aux procédures actuelles », expose Pierre Béguerie.
Enfin, dernier développement, le DP-Ruptures est devenu au cours de la crise sanitaire un vecteur de communication privilégié entre le pharmacien et l’État. « Nous avons été sollicités par le ministère pour mettre en place un moyen de connaître l’état des stocks en vaccins grippe, puis en tests antigéniques dans les officines », retrace Carine Wolf-Thal, présidente du Conseil national de l’Ordre des pharmaciens (CNOP). C’est ainsi que l’Ordre a créé un pavé spécifique au sein du dispositif DP-Ruptures. « Les services de l’État peuvent déjà disposer de statistiques géographiques permettant un état des lieux et une meilleure répartition des vaccins grippe, et depuis peu d'une meilleure connaissance des stocks en tests antigéniques à la veille des dépistages massifs. Demain, il en sera de même pour les vaccins Covid », explique le président de la section A, incitant les confrères à faire remonter ces statistiques nécessaires à l’État et au positionnement du pharmacien dans la gestion de la crise. Pierre Béguerie précise en revanche qu’il ne s’agit en aucun cas d’un outil de commandes.