An II de la pandémie, 2021 sera l’année la plus compliquée, prédit Phillippe Besset, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF). Il se réfère aux résultats catastrophiques de ces deux premiers mois : le chiffre d’affaires est en baisse de 2,45 % en janvier et de 3,83 % en février, comparé aux périodes de référence 2020. La marge a baissé de 11,7 % en janvier et de 11 % en février, signale par ailleurs le syndicat.
Si pour l’instant aucun sinistre n’est à déplorer au sein du circuit officinal, c’est que les pharmacies, comme d’autres entreprises, sont sous perfusion des aides de l’État. « Mais plus dur sera l’atterrissage », prévient Philippe Becker, expert-comptable et responsable du département pharmacie chez Fiducial. Il insiste sur les disparités au sein du réseau. Selon ses estimations l’excédent brut d’exploitation (EBE) de 2020 devrait chuter à 10,5 % du chiffre d’affaires (CA) pour les pharmacies de centre-ville et à 12,5 % pour celles des centres commerciaux, soit pour ces dernières un EBE à 260 000 euros contre 276 000 euros en 2019. Les pharmacies rurales en revanche redressent la barre et gagnent 0,5 point avec un EBE équivalent à 13,5 % de leur CA, tout comme les pharmacies de quartier dont l’EBE passe de 190 000 euros en 2019 à 202 000 euros en 2020.
Attention à la para et à l’OTC
« Tous circuits confondus, le marché officinal s’est infléchi de 0,7 % au cours de l’année dernière, avec une chute de 2,1 % du CA des dispositifs médicaux et de 10,3 % du CA sur le médicament non remboursable. Le marché du médicament remboursable s’est quant à lui érodé de 0,5 point à 25,2 milliards d’euros, hors honoraires », analyse de son côté Jean-Marc Aubert, président d IQVIA France. En ce qui concerne le médicament remboursable, il constate qu’en 2020, 28 % de la rémunération – contre 18 % en 2019 - a pu être protégée de la baisse des prix et des volumes grâce aux nouveaux honoraires qui ont généré 1,496 milliard de marge. Signe que la rémunération est désormais moins dépendante du prix du médicament.
Pour autant, le président d’IQVIA tire la sonnette d’alarme. Il y a lieu, selon lui, « de surveiller l’évolution de la parapharmacie et du médicament non remboursable, deux activités qui ont beaucoup souffert en 2020 et pour lesquelles aucune amélioration n’est en vue pour cette année ». Si les pharmacies parviennent tant bien que mal à tirer leur épingle du jeu, cela tient à un phénomène que les experts-comptables soulignent d’année en année : la disparition de plus d’une centaine d’officines par an (186 en 2020 et déjà 64 depuis le début 2021) profite à l'équilibre économique de l’ensemble du réseau officinal. Un effet de compensation qui est loin d’enthousiasmer Philippe Besset : « Je ne puis me résoudre à voir la fermeture d’officines pallier l’insuffisance des ressources. »
Pour le président de la FSPF, appuyé par son conseil d’administration, l’heure d’une nouvelle convention pharmaceutique a sonné. « Il s’agira notamment de définir un nouveau plan quinquennal comprenant la revalorisation des honoraires de dispensation, des mesures de soutien aux officines de proximité avec la création d’une ROSP Pharmacie de premier recours (voir page 2) et la pérennisation des activités de santé publique réalisées pendant la crise sanitaire telles que la vaccination et le dépistage. »
D’après la visioconférence « Économie de l’officine : l’épreuve de vérité » du 23 mars.