Ordonnance électronique en Allemagne

La crainte d'un boulevard pour les pharmacies en ligne

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Publié le 10/11/2020
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Comme en France, la crise sanitaire a retardé le déploiement de l’ordonnance électronique en Allemagne, mais seulement de six mois. Elle sera lancée officiellement le 1er juillet 2021, avant de devenir obligatoire le 1er janvier 2022.

De nombreuses ordonnances électroniques circulent déjà sur les réseaux numériques en Allemagne, dans le cadre d’essais et autres expériences préparatoires, publiques ou privées. Sauf pour les prescriptions faites en télémédecine, les ordonnances électroniques déjà remises aux patients doivent, jusqu’à l’été prochain, être confirmées par la présentation d’une ordonnance papier à la pharmacie. Aujourd’hui, toutes les pharmacies sont déjà techniquement prêtes pour l’ordonnance électronique, ce qui n’est pas encore le cas de la totalité des médecins.

La mise en place de l’ordonnance électronique - « E-Rezept » en allemand - est pilotée par l’équivalent d’un GIE, la société « Gematik », qui réunit notamment les caisses de maladie et les associations de médecins et de pharmaciens. Ces derniers ont particulièrement veillé au respect du libre choix de la pharmacie par le patient, ainsi qu’à l’amélioration de la confidentialité du dispositif. En octobre, deux autres mesures importantes pour les officines ont été confirmées par une nouvelle loi : l’interdiction de toute remise sur les prescriptions par voie électronique et l’interdiction du courtage ou de la centralisation d’ordonnances électroniques par des tiers. Réclamée depuis longtemps par les pharmaciens, l’interdiction des remises sur les prescriptions vise à contrer les pharmacies en ligne installées aux Pays-Bas, mais, redoutent certains juristes, elle risque d’être remise en cause par la justice européenne. Avec ou sans remises, beaucoup de pharmaciens craignent dans tous les cas que l’« E-Rezept » n’ouvre un boulevard aux pharmacies en ligne.

Confort, sécurité et gain de temps

En pratique, le médecin enverra son ordonnance à un serveur sécurisé, et le patient s’y connectera pour la récupérer. Il pourra la présenter sous forme de QR-code ou la télétransmettre à la pharmacie de son choix. Seules les prescriptions « privées », non prises en charge par l’assurance maladie, pourront encore être faites sur papier, si l’assuré le souhaite. Des dérogations sont prévues aussi pour les personnes âgées ne maîtrisant pas les portables et autres outils informatiques.

Pour les responsables de Gematik, l’ordonnance électronique constitue un progrès en termes de confort et de sécurité, mais aussi un gain de temps pour toutes les parties : les pharmaciens pourront préparer les commandes avant l’arrivée du patient, et celui-ci n’aura plus à attendre ou à venir pour rien en cas de rupture de stock, car il sera prévenu dès réception de l’ordonnance. Le patient choisira avec son pharmacien s’il souhaite retirer le médicament à l’officine, ou se le faire livrer par l’officine ou par un transporteur. L’ordonnance électronique permettra aussi au pharmacien de proposer des services aux patients, liés à la prescription et à son utilisation.

Denis Durand de Bousingen

Source : Le Quotidien du Pharmacien