Pour le Syndicat national des praticiens hospitaliers anesthésistes-réanimateurs élargi aux autres spécialités (SNPHARE), l'arrêt de la commercialisation de l'Isuprel (isoprénaline) passe décidément très mal. Au-delà de ce cas particulier, le syndicat demande à François Braun l’ouverture d’une « mission d'enquête » sur l'accès aux produits de santé.
Dès le départ, le calendrier de remplacement de la spécialité Isuprel (isoprénaline), dont Pfizer avait annoncé l'arrêt de commercialisation en octobre, était certes tendu, mais tenable. Aujourd'hui, les anesthésistes-réanimateurs - principaux prescripteurs de cette spécialité d'urgence cardiaque - constatent avec amertume que ce remplacement est soumis à conditions. Dans une lettre adressée aux professionnels le 15 novembre, le Centre spécialités pharmaceutiques (CSP) évoque en effet des mesures de « contingentement quantitatif à la commande » pour l’isoprénaline chlorhydrate Tillomed, spécialité désignée pour pallier la disparition d'Isuprel. Une mesure décidée pour « sécuriser les stocks » disponibles et « répondre aux besoins les plus urgents » dans le contexte d’arrêt de la commercialisation de l'Isuprel.
Pour le SNPHARE, la coupe est pleine. Ces consignes de contingentement « sont dignes de la première vague Covid, où l'afflux de victimes mettait en tension l'approvisionnement en médicaments d'urgence ». Et la colère laisse place à l'inquiétude. Contacté par « Le Quotidien du médecin » le Dr Éric Le Bihan, président du SNPHARE, estime en effet qu’il n’y a « aucune garantie que les volumes et les délais de livraison soient adéquats ». L’anesthésiste-réanimateur à Beaujon (AP-HP) déplore en outre que l’ANSM se soit contentée de « donner les coordonnées du distributeur (Movianto, N.D.L.R.) ». En cas de pénurie, présage-t-il, cela pourrait aller « jusqu’à des pertes de chances, voire des décès pour certains patients ».
Au-delà du cas particulier d'Isuprel, le syndicat pointe les conséquences délétères des ruptures de stock à répétition, qui obligent médecins et pharmaciens à « jongler au jour le jour avec les pénuries en adaptant les ordonnances en permanence ». C'est dans ce contexte que le SNPHARE demande à François Braun l’ouverture d’une « mission d'enquête » sur l'accès aux produits de santé : médicaments d'urgence, traitements chroniques, dispositifs et matériels médicaux.