Mme Hidalgo est une ressuscitée. Elle était combattue à droite par tous ceux qui ont besoin de circuler en voiture dans la capitale, à gauche par les Verts qui dénonçaient sa gestion de la propreté de Paris, et par ceux qui souhaitaient par principe la fin de son mandat et soutenaient d'autres candidats. Elle a démontré qu'elle pouvait obtenir un second mandat de maire avec le soutien des écologistes qu'elle domine aujourd'hui, que les attaques, critiques et sarcasmes n'imprimaient pas dans l'opinion, qu'elle est déjà une figure nationale, qu'elle sait conduire une campagne électorale et que, de tous les dirigeants socialistes, elle est la mieux placée parce que elle, elle est encore en fonction et que elle, elle gagne.
Le succès accroissant l'ambition, elle s'est posé à haute voix la question de son avenir. Faisant le tour des has been, des consumés, des discrédités et des ambitieux qui n'ont pas pris la mesure de leurs défaites passées, elle s'est dit, non sans raison et avec le moins de triomphalisme possible, que, après tout, elle camperait une candidate valable.
La maire de Paris, néanmoins, affronte plusieurs dangers, le premier d'entre eux étant d'ajouter son nom à la longue cohorte des candidats potentiels, certes avec une notoriété qui est forte, mais qui, avant le premier tour, contribuera à la confusion dans l'électorat. Un autre risque est qu'elle devra non seulement réunir les socialistes, ce qui n'est pas difficile tant ils ont besoin d'un chef charismatique mais aussi tout le reste de la gauche. Les Verts veulent leur candidat dont ils accoucheront dans la douleur et la division, Jean-Luc Mélenchon a déjà présenté sa candidature et même le parti communiste estime, contre toute attente, qu'il doit être de la partie.
Xavier Bertrand, peut-être
Cela fait beaucoup de gens à convaincre au sein d'une gauche affaiblie, qui n'a toujours pas digéré ses défaites et qui, tout en suscitant beaucoup de vocations, reste profondément ancrée dans le désarroi. Or, contrairement à ce que pourraient nous faire croire les manifestations et les émeutes, le pays ne situe pas à gauche. Il y a, si on tient compte de l'électorat du Rassemblement national, une majorité de droite en France. La droite classique se porte bien, elle a résisté aux municipales, elle donne sytématiquement du fil à retordre au gouvernement, elle campe au Sénat, son bastion, comme les soldats du désert des Tartares. Elle dispose de quelques personnalités, Xavier Bertrand en tête, susceptibles de faire l'affaire.
Emmanuel Macron, pour sa part, semble d'autant moins alarmé par la floraison des candidatures, y compris les plus crédibles, qu'il a royalement disqualifié les processus électoraux habituels. Que son parti, la République en marche, craque et se divise, il n'en a cure. Il ira au front avec pour seul attelage son nom et son bilan. Il se présentera comme le président de tous les Français. Il aura besoin néanmoins de quelques succès pour rendre son bilan plus positif, mais il a encore le temps de se débarrasser de la pandémie grâce au vaccin. C'est le virus qui a fait la victoire de Joe Biden le 3 novembre, il peut assurer celle de Macron en 2022. Les manifestations, cris, quolibets, actes de violence, incendies, destructions n'auront pas les conséquences espérées par les émeutiers. Seule la pandémie décidera.