2023 restera l’année du basculement pour le maillage officinal. Désormais, une fermeture de pharmacie est enregistrée chaque jour ouvré. Le réseau a, par conséquent, perdu 9 % de sa densité en dix ans, selon les chiffres du GERS Data.
Alors que tous les regards se tournent sur la réduction de la marge, cette inflexion de la dynamique économique est déjà palpable sur le terrain, dans le maillage officinal. Chaque jour ouvré, une pharmacie baisse désormais le rideau. 276 officines, chiffre record, ont connu ce sort en 2023. Le phénomène qui n’atteignait que 14,3 fermetures par mois en 2022, après une décrue plus importante les années précédentes, s’est accéléré pour atteindre 23 fermetures par mois, l’année dernière.
Comme le précise David Syr, directeur général adjoint de GERS Data et directeur exécutif de Cegedim Pharma, à l’origine de ces statistiques, si certaines fermetures participent d’un regroupement, d’autres sont « sèches ». Face aux difficultés croissantes à trouver des repreneurs, des titulaires désirant partir à la retraite, de guerre lasse, n’ont d’autres choix que de mettre un terme à leur activité.
Le Centre et la Bretagne, lanternes rouges
Mais toutes les régions ne sont pas égales face à ce relâchement du maillage officinal. La région Centre et la Bretagne ont perdu 11 % de leur réseau officinal en dix ans. A contrario pendant cette période, le maillage n’a souffert aucune défection en Alsace, sans doute en raison du statut particulier de la pharmacie dans ces deux départements* où la densité officinale est moins importante (le quota de population pour la création d’une pharmacie est fixé à 3 500 habitants au lieu de 2 500). Deux autres régions résistent à l’hémorragie, le Languedoc-Roussillon et PACA où les effectifs ne sont en retrait « que » de 5 % (voir ci-dessous) sur les dix ans écoulés.
La dégradation, quasi-générale, se reflète également dans les statistiques du trafic. Quelle que soit la typologie de l’officine, le trafic pour les ventes de produits conseil est en recul de 5 % en 2023 alors qu’il était en hausse de 9 %, un an auparavant. Mais l’absence relative de pathologies hivernales et la perte de pouvoir d’achat sont passées par là. Une nouvelle fois, les plus petites officines accusent la plus forte baisse du trafic : 7 % alors que pendant les années Covid le flux avait le plus fortement progressé dans cette typologie de pharmacies (13 % contre 9 % en moyenne).
* La Moselle est également concernée