Une étude parue dans la revue « Genome Medicine » alerte sur les dangers de la circulation accrue des superbactéries dans le monde, un phénomène qui risque de rendre les antibiotiques de plus en plus inefficaces.
Alors que les Français se prennent à rêver de voyages lointains, les résultats d’une étude menée par des chercheurs américains et néerlandais et parue dans la revue « Genome Medicine » pourraient les faire déchanter. La probabilité qu’ils rapportent d’un séjour à l'international une superbactérie résistante aux antibiotiques est à prendre très au sérieux. Dans cette étude, les chercheurs ont analysé les selles de 190 touristes néerlandais avant et après qu’ils ont effectué un voyage en Asie du Sud-Est ou en Afrique.
Le phénomène de la propagation dans les intestins humains des bactéries et leurs gènes de résistance aux antimicrobiens (AMR) endémiques lorsque les voyageurs les acquièrent sur le lieu de séjour et les rapportent dans leur pays d’origine était déjà connu. Cependant, l’étendue des conséquences des voyages sur le résistome intestinal restait largement inexplorée. Les chercheurs ont donc poussé plus en avant leurs investigations à l'aide d'un séquençage métagénomique complet et d'une métagénomique fonctionnelle qui leur ont permis d’étudier l'abondance, la diversité, la fonction et l'architecture du résistome. De même, ils se sont penchés sur le contexte des gènes résistants aux antimicrobiens (AMR) dans les microbiomes fécaux. Ils ont ainsi pu déterminer une acquisition significative de 56 gènes AMR uniques après un voyage international et que le résistome intestinal induit présentait des corrélations distinctes avec la destination géographique, « de sorte que les individus retournant aux Pays-Bas depuis le même pays de destination étaient plus susceptibles d'avoir des caractéristiques de résistome similaires ». Enfin, les chercheurs ont identifié et détaillé des événements d'acquisition spécifiques de gènes AMR, et ont pu particulièrement isoler les gènes de résistance aux fluoroquinolones et aux β-lactamases à spectre élargi ainsi que le gène mcr-1 de résistance plasmidique à la colistine. Ce dernier rapporté par les voyageurs revenant d'Asie du Sud-Est a tout particulièrement inquiété les chercheurs car la colistine est un antibiotique de dernier recours.
Outre le fait que ces phénomènes menacent 70 ans de progrès dans les traitements des maladies infectieuses, les auteurs de l’étude pointent de manière plus générale les risques de santé publique que font courir les voyages internationaux. Car en façonnant l'architecture du résistome intestinal humain et en entraînant l'acquisition de gènes résistants à une variété de classes d'antibiotiques, ils perturbent le résistome intestinal et propagent au niveau mondial « des gènes de résistance aux antimicrobiens localement endémiques ».
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