- Juliette ! Je suis là, dit Karine en faisant un signe de la main.
Les deux consœurs s’enlacent, heureuses de se voir. La réunion de la CPTS n’a pas encore débuté, ce qui leur laisse le temps de discuter.
- Comment vas-tu ?, demande la titulaire de la Pharmacie du marché.
- Super. Sauf que je ne vais pas revoir Julien avant cinq semaines. Avec l’épidémie de choléra aux Comores, il a énormément de boulot à l’ARS.
- Ah mais oui, c’est vrai. Il n’est plus à l’ARS de la Réunion maintenant. Il est à Mayotte. J’ai lu que les pharmaciens peuvent faire les TROD choléra…
- Tu parles. Sur des échantillons de selles. Déjà que c’est difficile avec des prélèvements d’urine en métropole… Tu fais comment toi d’ailleurs ?
- Nous avons des toilettes pour les clients, donc ça ne pose pas de problèmes. Mais la plupart du temps, je renvoie les patientes chez elles pour faire le prélèvement, sachant qu’il faut au moins 4 heures entre le prélèvement et la dernière miction, répond Karine.
- Tu crois que le protocole cystite va enfin être accepté ?, chuchote Juliette tandis que la réunion commence.
- J’en suis certaine. Les médecins n’ont plus le choix… (cf. Épisode 216)
Madeleine, la directrice, annonce l’ordre du jour. Après trente minutes de généralités sur le fonctionnement de la CPTS, elle présente la nouvelle version du protocole de coopération permettant aux pharmaciens d’officine et aux infirmiers de délivrer un antibiotique en cas d’infection urinaire simple. Frédéric Breton se retourne et fait un clin d’œil à Karine. Au cours des dernières semaines, le médecin a dépensé beaucoup d’énergie pour convaincre ses confrères de l’intérêt de ce protocole. Il leur a notamment expliqué qu’à travers ce protocole, le médecin reste le maître du jeu et conserve une rémunération « sans rien faire ». L’argument a fait tomber les dernières réticences.
- Je soumets donc ce protocole au vote. Il sera ensuite présenté à l’ARS pour validation.
Le protocole est accepté à l’unanimité.
- Vous êtes contente, dit ironiquement le docteur Joury à Karine.
Elle lui répond du tac au tac :
- Ce sont surtout les patientes qui seront contentes d’être prises en charge plus rapidement. Hier encore, je me suis occupée d’une femme qui présentait les signes d’une infection urinaire. Devinez quoi ? Elle ne pouvait pas avoir de rendez-vous avant trois jours chez son médecin. Trois jours…
- Moi dans ce cas, je fais la prescription de fosfomycine et je la faxe…
- Vous prescrivez donc sans avoir vu la patiente, sans avoir écarté une autre origine ? ose Karine.
Le médecin marmonne :
- C’est discutable…
Il enfourne le petit four qu’il tient à la main et tourne les talons.
- C’est ce qu’on appelle « mettre en boîte ». « Cassé », comme dirait Brice de Nice, dit Frédéric Breton avant de trinquer avec son amie pharmacienne.
Au centre d’incendie et de secours, Marion est accueillie par le Lieutenant Dolorès Frémit. Dès leur première rencontre à la pharmacie, le courant est passé entre les deux femmes (épisode 225). En entrant dans le garage où sont rangés les véhicules, l’odeur de cuir est comme une madeleine de Proust. Les souvenirs des dimanches où, enfant, Marion accompagnait son père à la caserne lui reviennent. « Cette mission est pour moi », se dit-elle.
(à suivre…)
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