C’est un pari qu’ont osé Daniel Machover et Pierre Moatti : ouvrir en plein confinement, après huit mois de travaux, leur pharmacie Pharmabest, rue de la Chaussée d’Antin, là où bat le cœur du shopping parisien.
Le co-titulaire et le directeur général du réseau Carré Opéra* ne le regrettent manifestement pas. Car leurs quelque 700 m2 de surface de vente sur deux étages, soulignés d’une verrière, enregistrent chaque jour, grâce à une hausse de la clientèle locale, autant de passages qu’en 2019 ! En revanche, dans cette zone touristique internationale (ZTI), il manque à la « plus parisienne des pharmacies », un pan essentiel de sa clientèle. Les clients étrangers, notamment les Asiatiques, qui représentent ordinairement 35 à 40 % du CA, ont déserté le quartier pour cause de crise sanitaire. Mais Pierre Moatti les attend de pied ferme en 2022. Ils composent en effet, avec les riverains et les Parisiens travaillant dans le quartier, le triptyque sur lequel cette officine de 42 salariés assoit son développement.
60 nouvelles marques
Son chiffre d’affaires de 15 millions devrait rapidement doubler, en se nourrissant de cet écosystème. Un écosystème complexe, comme le reconnaît Alain Styl, directeur général de Pharmabest. Il s’agit, en effet, de répondre à la fois, en termes de référencement, à l’image de la pharmacie « à la française » que se font les touristes étrangers, tout en satisfaisant une clientèle parisienne, un rien bobo, à la recherche de produits plus confidentiels. En un mot, les blockbusters de la dermocosmétique se doivent de côtoyer les incontournables internationaux, comme le Japonais B. Glen, et les petites marques montantes, tel Le mas du roseau. 60 nouvelles marques ont ainsi trouvé leur place depuis les travaux d’agrandissement de la pharmacie.
Il faut le flair de Pierre Moatti, ancien directeur France d’Uriage, qui a fait ses armes chez Décléor, L’Oréal et Nivéa, pour sourcer, via les réseaux sociaux et les influenceuses, des start-up privilégiant le made in France. Dans l’espace de vente épuré mais chaleureux, cette diversité des attentes se traduit par un large spectre d’agencements. Ainsi le comptoir vrac (gels lavants et lessive) côtoie le comptoir DIY (faites-le vous-même), un bac de recyclage MNU, DASRI et produits de parapharmacie, tandis que sont proposés des paniers différenciés (rouges pour les clients en quête de conseil, gris pour ceux souhaitant l’autonomie). Une caisse taxe free n’a rien à envier à celle des Galeries Lafayette toutes proches, tandis qu’un locker assure la livraison du click and collect en moins d’une heure !
Reprenant des innovations mises en place dans d’autres officines du groupement, les dirigeants ont misé sur des corners « hommes », « table de maquillage », « cabine de soins » et « atelier capillaire », où interviennent des animatrices des marques, y compris pour des traitements antipoux !
Du soin capillaire à la télémédecine
Pierre Moatti en est conscient, le modèle économique de l’officine ne peut reposer à lui seul sur la clientèle touristique. Pas davantage, ce concept, qui se revendique pharmacie de proximité, ne peut se concentrer uniquement sur la beauté, le bien-être et l’hygiène. La santé, et avec elle le médicament, qui compose 15 % du chiffre d’affaires, constituent un socle essentiel de l’activité. Pierre Moatti et Daniel Machover ont ainsi embauché un orthopédiste et une nutritionniste. Des entretiens sont proposés au prix de 19,90 ou 34,90 euros, selon qu’ils comprennent ou non un bilan avec l’appareil InBody.
La crise Covid est passée par là, accentuant l’approche santé du point de vente. Un espace de confidentialité dans lequel sont pratiqués tests antigéniques, tests PCR et vaccination, ainsi que consultations de télémédecine en partenariat avec Tesly, jouxte le comptoir de dispensation. En affichant ce positionnement santé, la pharmacie de la Chaussée d’Antin entend incarner les valeurs du groupement qui, depuis sa création il y a cinq ans, innove dans les services aux patients. Pharmabest a ainsi lancé il y a deux ans le dépistage du mélanome. Il avait conclu un an auparavant un partenariat avec La Poste pour le portage de médicaments à domicile.
Ces pharmaciens sauront-ils pour autant garder cette longueur d’avance sans être rattrapé par le champ conventionnel ? « A nous de réfléchir pour susciter de nouvelles idées et mettre en place des services innovants », reconnaît Alain Styl. Pour l'heure, le champ conventionnel ouvre à la pharmacie des opportunités dont Pierre Moatti entend se saisir. « Le statut de pharmacien correspondant qui permet de tisser des liens avec les patients est un outil formidable », s’enthousiasme-t-il. La pharmacie Chaussée d’Antin est ainsi partie prenante dans la création d’une équipe de soins primaires (ESP) qui réunira pharmaciens, généralistes, spécialistes et infirmiers au centre de ce quartier « très parisien ».
D’après une conférence de presse de Pharmabest.
*Le réseau Carré Opéra regroupe actuellement quatre pharmacies, dont trois sont adhérentes du groupement Pharmabest.
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