Selon le décompte du gouvernement, hier à 17 heures, 30 officines de pharmacie ont essuyé les foudres des violences urbaines découlant de la mort de Nahel, survenue à Nanterre (Hauts-de-Seine) le 27 juin.
Après cinq nuits de violences urbaines, ce sont 30 pharmacies d’officine qui ont été touchées à des degrés divers par les émeutes. Deux pharmaciens ont été agressés, l’un à Cayenne, en Guyane, par arme à feu, et l’autre à Thionville (Moselle), qui a réussi à empêcher ses assaillants d’entrer dans son officine et à les faire fuir. La destruction spectaculaire de deux pharmacies a également bouleversé la profession et, au-delà, la population des communes concernées. À Montargis (Loiret), la pharmacie Mirabeau s'est totalement effondrée à la suite de son incendie. Jean-Marc Facq, président départemental de l'Union des syndicats de pharmaciens d'officine (USPO) de l'Oise, a, quant à lui, vu son officine de Montataire disparaître en fumée après son saccage et son pillage. « Elle n'était située qu'à quelques dizaines de mètres de la caserne des pompiers, mais ceux-ci n'ont pas pu intervenir », déplore Guillaume Râcle, conseiller économie et offre de santé du syndicat. Selon lui, les chiffres avancés par le ministère sont certainement sous-évalués. Le nombre de pharmacies ciblées par les exactions est certainement plus important, certains confrères touchés n'étant pas parvenus à joindre l'ARS au cours du week-end. C'est notamment le cas d'une consœur à Saint-Quentin (Aisne). L'USPO a diffusé sur les réseaux sociaux un message de solidarité à tous les titulaires victimes de ces violences et a annoncé mettre ses services juridiques à leur disposition qu'ils soient, ou non, adhérents du syndicat.
Face à la tournure dramatique qu'ont pris les événements en fin de semaine dernière, d'autres représentations de la profession rappellent qu'elles détiennent des dispositifs d'aide et de soutien. À l'Ordre des pharmaciens, il existe ainsi une commission d’entraide et de solidarité. La Caisse d'assurance vieillesse des pharmaciens (CAVP), de son côté, se tient prête à venir en aide aux pharmaciens qui auraient subi des dégradations au cours des émeutes urbaines de ces derniers jours, via sa Commission des activités sociales. Les pharmaciens concernés sont invités à contacter la CAVP au 01 42 66 85 28 ou par courriel à lmarbot@cavp.fr.
De manière plus ponctuelle, une procédure d'urgence a été mise en place vendredi soir permettant aux pharmacies de garde d’exercer leur droit de retrait, en se signalant auprès de leur agence régionale de santé (ARS). Elle a été utilisée par « cinq ou six officines », selon les informations compilées par Philippe Besset, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF). « Ce dispositif reste en place jusqu’à nouvel ordre, précise-t-il. Nous allons faire le point avec les services de l’État dans la journée et il va falloir, de toute façon, réformer le système de gardes pharmaceutiques pour en renforcer la sécurité. » Les syndicats ont en effet inscrit la réforme des gardes à l'agenda des négociations conventionnelles avec l'assurance-maladie qui débuteront à l'automne.
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