Les résultats d’un essai clinique mené par Sanofi et l'ONG DNDi laissent entrevoir la possibilité de traiter, en une seule prise d'acoziborole, la trypanosomiase, cette maladie tropicale négligée transmise par la mouche tsé-tsé et à laquelle 65 millions de personnes sont exposées en Afrique.
Un nouvel espoir est suscité par la publication hier dans « The Lancet Infectious Diseases » des résultats d'un essai clinique portant sur le recours à l’acoziborole dans la trypanosomiase africaine, également dénommée maladie du sommeil. Comme l’annoncent le Laboratoire Sanofi et l’ONG Drugs for Neglected Diseases initiative (DNDi), qui ont travaillé conjointement à ce traitement expérimental, sur les 208 patients auxquels a été administré de l’acoziborole à un stade avancé de la maladie, 95 % ne présentaient plus aucun symptôme dix-huit mois après le traitement. Une prise unique – 960 mg - a suffi à enrayer la pathologie, aucun signe de rechute n’étant survenu par la suite.
Ce résultat dépasse les meilleurs succès jamais obtenus dans le cadre d’études portant sur des traitements existants. « Cet essai clinique montre que l’acoziborole présente un profil de sécurité favorable ; aucun signal de sécurité lié au médicament n’a été rapporté », note le laboratoire ajoutant qu’un dossier allait être soumis à l’Agence européenne du médicament (EMA). Il assure par ailleurs qu’il fera don de lots d’acoziborole à l’OMS « dès que l’EMA aura rendu un avis favorable et que ce médicament sera approuvé ».
Cet essai clinique a été mené par la DNDi et ses partenaires en République démocratique du Congo (RDC) et en Guinée, deux pays particulièrement touchés par cette pathologie transmise par une mouche tsé-tsé infectée. « La maladie du sommeil est une maladie cauchemardesque qui frappe les personnes vivant dans les régions les plus reculées d’Afrique de l’ouest et du centre, où la distance jusqu’à l’hôpital le plus proche se compte parfois en jours. Nous sommes aujourd’hui sur le point de disposer d’un traitement potentiel, à prendre une seule fois en trois comprimés, ce qui serait une véritable révolution pour les médecins et les populations des régions touchées », se félicite le Dr Victor Kande, investigateur de l’essai clinique et auteur principal de l’article.
Car si le nombre de cas de maladie du sommeil s’est considérablement réduit au cours des deux dernières décennies, (de 40 000 cas déclarés en 1998 à moins de 1 000 en 2020), la menace d’une résurgence dévastatrice reste bien présente. Aussi, comme le pointe le Dr Antoine Tarral, responsable du programme sur la maladie du sommeil de DNDi et coauteur de l’article, « en simplifiant le paradigme thérapeutique, l’acoziborole pourrait devenir un médicament innovant pour les systèmes de santé qui permettra en outre d’apporter une réponse durable à la maladie du sommeil ». Et de pouvoir, enfin, entrevoir une éradication de cette maladie.
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