Tant redouté, le rebond de l’épidémie se traduit aujourd’hui dans les chiffres. On dénombre désormais plus de 6 000 nouvelles contaminations au quotidien tandis que l’Hexagone se teinte chaque jour davantage de départements classés « rouge » où le taux d'incidence du virus est supérieur à 50 cas pour 100 000 habitants. Résultat, la rentrée s’accompagne de mesures plus drastiques encore qu’elles ne l’étaient au lendemain du confinement : port du masque obligatoire dans les entreprises, les établissements scolaires, généralisé à Paris et à Marseille ainsi que dans de nombreux centres-villes.
Un contexte qui ne laisse présager aucun répit pour la profession. Et ce alors même que la vie conventionnelle n’a pas connu de trêve estivale (voir page 3). Depuis six mois désormais, les pharmaciens sont sur le pont, soucieux d’étoffer au fil du temps leur arsenal contre l’épidémie. Après l’épisode mouvementé de la distribution des masques du stock d’État, ils se sont vu adjoindre – à la demande expresse des représentants de la profession — un deuxième outil spécifique à la lutte contre le coronavirus : le TROD Covid qu’ils sont autorisés à réaliser depuis le 11 juillet. Les pharmaciens peuvent valoriser cet engagement dans le combat contre la pandémie en participant à l’enquête épidémiologique CovidIA (PandémIA1). « Cette contribution constitue une composante essentielle de l'intérêt des TROD Covid à l'officine puisqu'elle va permettre de donner des indicateurs épidémiologiques », estime Gilles Bonnefond dont le syndicat, l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO), soutient l'initiative CovidIA.
Fin de la distribution des stocks d'État
Pour l'heure, en l'absence de traitement, le masque reste l'un des remparts les plus sûrs contre la propagation du virus. Pour peu qu'il soit accompagné des autres gestes barrière et notamment de l’utilisation de SHA. À rappeler que l'autorisation de fabriquer et de distribuer gels et solutés hydroalcooliques (SHA) a été la première revendication des pharmaciens aux prémices de l'épidémie. Elle a été depuis occultée par l' « affaire des masques ». Mais alors que les officines sont autorisées à fabriquer des SHA jusqu'au 31 octobre, la distribution des masques des stocks d’État aux professionnels de santé et des services à la personne devrait prendre fin le 4 octobre. Ces professions devront d'ailleurs pourvoir à leur propre approvisionnement. Mission terminée donc pour les pharmaciens dont les représentants syndicaux n’ont pas hésité à dénoncer la gestion désastreuse de l’État auprès de la commission Covid de l’assemblée nationale qui les auditionnait le 29 juillet.
En revanche, les officines continueront à dispenser des masques jetables aux patients munis d’ordonnances, aux patients testés positifs au Covid ainsi qu’aux personnes « contact ». Nombre de pharmacies relèvent actuellement une propension des médecins à prescrire « généreusement » ces masques des stocks d’État à leurs patients. Ce dispositif, en vigueur jusqu’au 31 octobre, freine-t-il le développement du rayon « masques » à l’officine ? OCP note qu'en juillet, suite aux déclarations du président de la République sur le port obligatoire dans tous les lieux publics, les commandes de masques chirurgicaux ont augmenté de 480 % par rapport à juin. « Nous avons vendu plus de 2 millions de masques ces trois derniers mois », déclare le répartiteur constatant un infléchissement de la demande à la mi-août. Parallèlement, 300 millions d’unités ont été vendues par la grande distribution entre le 4 mai et le 27 août selon Nielsen, spécialiste des études de marché, qui note que 98 % des Français détiennent désormais des masques à leur domicile.
Et demain la vaccination à l'officine ?
Mais déjà un troisième front s'ouvre à l’officine dans la lutte contre le virus : celui de la revendication par les pharmaciens de pouvoir vacciner contre le Covid. Dès la mi-juillet, Alain Grollaud, président de Federgy, la chambre syndicale des groupements et enseignes de pharmacie, et Laurent Filoche, président de l’Union des groupements de pharmaciens d’officine (UDGPO) appelaient les pouvoirs publics à prendre les décisions réglementaires « afin de permettre aux pharmaciens de vacciner dès qu’un vaccin serait disponible ». Ils s’appuyaient sur le succès de la dernière campagne de vaccination antigrippale pour inciter le gouvernement à faire confiance au réseau officinal. Et le conjurent de ne pas réitérer les errements de la gestion des masques et des TROD Covid. Pour l’heure, toute perspective de mise sur le marché d’un vaccin Covid reste toutefois éloignée. Ce qui n’empêche pas les pharmaciens de réclamer un élargissement de leurs compétences vaccinales contre la grippe au-delà des populations cibles. Cette revendication n'est pas nouvelle. En cette rentrée très virale, la conjoncture fera-t-elle pencher la balance en faveur de la profession ?
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