Changements majeurs dans les recommandations sur l’hypertension artérielle : les directives européennes introduisent une nouvelle catégorie de pression artérielle élevée, avec sa prise en charge spécifique. Les objectifs de mesure se durcissent, les traitements sont plus intensifs.
La Société européenne de cardiologie (ESC) a actualisé, lors de son congrès qui s’est tenu à Londres fin août, ses recommandations en matière d’hypertension artérielle (HTA), relayées par la Société française de cardiologie. Si elle maintient sa définition d’HTA comme une pression artérielle ≥ 140/90 mmHg, l’ESC introduit la notion de « pression artérielle élevée », nouvelle catégorie définie par une pression comprise entre 120 et 139/70-89 mmHg, afin de « faciliter la prise en compte d'objectifs de traitement de la pression artérielle plus intensifs chez les personnes présentant un risque accru de maladie cardiovasculaire », explique-t-on à l’ESC. « Cette nouvelle catégorie d’HTA reconnaît que les personnes ne passent pas d’une pression artérielle normale à une pression artérielle hypertensive du jour au lendemain », précise le Pr Bill McEvoy, de l'université de Galway en Irlande. Cette nouvelle catégorie permettra d'identifier davantage de patients à risque d’infarctus du myocarde et d'accident vasculaire cérébral.
Ainsi, c’est une classification en 3 catégories qui est proposée : pression artérielle non élevée (< 120 / 70 mmHg), pression artérielle élevée (entre 120/70 et < 140/90 mmHg) et hypertension artérielle (au-dessus de 140/90 mmHg).
Conséquence : alors les guidelines précédentes recommandaient un traitement au-delà d’une PA de 140/90 mmHg, un traitement médicamenteux peut être introduit dès lors que la pression artérielle dépasse 130/80 mmHg chez les patients à haut risque ou très haut risque cardiovasculaire et persiste après 3 mois de suivi des règles hygiénodiététiques, avec une monothérapie. « Ce changement est motivé par de nouvelles données d'essais confirmant que des objectifs de traitement de la PA plus intensifs réduisent les risques des maladies cardiovasculaires sur un large éventail de patients éligibles », rapporte le Pr McEvoy. En cas d’HTA, l’instauration immédiate d’un traitement antihypertenseur est recommandée indépendamment du risque cardiovasculaire, en complément des mesures hygiénodiététiques.
Pour les patients déjà sous antihypertenseurs, la cible de pression artérielle se durcit : ils doivent viser une pression artérielle systolique de 120 à 129 mmHG et une pression artérielle diastolique entre 70 et 79 mmHg, idéalement 120/70 mmHg « à condition que la nouvelle cible exige que le traitement soit bien toléré », souligne l’ESC. Les personnes fragiles et âgées (espérance de vie limitée) et les patients qui ne tolèrent pas la cible (hypotension orthostatique) 120 à 129 mmHg doivent viser « une pression artérielle systolique aussi basse que raisonnablement possible ».
Enfin, ces recommandations de 2024 confirment que la mesure de la pression artérielle doit être réalisée par des appareils validés avec brassard. Le recours d’emblée à une bithérapie fixe – un bloqueur du système rénine-angiotensine (IEC ou ARA II), un inhibiteur calcique ou un diurétique – est maintenu, sauf si le traitement ne peut être toléré (personnes très âgées, hypotension orthostatique…) et passe à une monothérapie. Une trithérapie est recommandée en cas d’échec.
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