Cette plateforme numérique, dédiée à l'échange de données de santé, a été expérimentée sur 3 ans, dans le cadre du programme « Territoire de soins numérique » (TSN)* au sein de 8 communes du Val de Marne. Depuis janvier 2019, elle est généralisée sur toute l'Île-de-France.
Concrètement, Terr-eSanté se présente sous la forme d'un site Internet et d'une application mobile sécurisés et personnalisés, conformes à la protection des données. Pour pouvoir y accéder, le professionnel de santé (médecin hospitalier, libéral, biologiste, pharmacien…) doit demander, à l'agence régionale de santé (ARS) de son territoire, de lui créer un compte professionnel. Une fois ce compte créé, le professionnel ouvre le dossier de son patient - qui, préalablement lui a donné son consentement - et crée un cercle de soin autour de ce dernier. « Seuls les professionnels de santé qui entourent le patient ont un droit d'accès à ses données de santé. À chaque passage du patient chez l'un d'entre eux, ses données se déversent de façon automatique (comme pour le dossier pharmaceutique) dans son dossier et deviennent alors consultables par le cercle de soins », explique Auguste Laplace, pharmacien et référent médical du projet Terr-eSanté pour l'ARS Île-de-France.
Favoriser une surveillance accrue du patient…
Deux accès à cette plateforme sont possibles. L'un étant réservé aux professionnels de santé et aux membres du secteur médico-social, et l'autre, aux patients. L'accès aux professionnels de santé est le plus important. En effet, ceux-ci peuvent prendre connaissance des résultats d'analyses biologiques, des comptes rendus hospitaliers, des examens radiologiques… Ils peuvent également entreprendre plusieurs types d'actions par le biais de la plateforme : demandes d'actes médico-sociaux, consultations du dossier médical partagé (DMP), rédactions de notes de vigilances à l'intention du cercle de soins, insertions de documents concernant la santé du patient, « chats » avec les autres professionnels de santé… L'accès patient est, quant à lui, plus restreint. « Le patient peut y consulter ses résultats d'examens, ses comptes rendus d'hospitalisation, remplir une pré-admission pour l'hôpital, insérer des documents en PDF… Il peut également y indiquer d'autres données qui le concernent. Par exemple, le médecin peut suggérer à un patient positif au Covid-19 d'y noter, tous les jours, sa température, ses fréquences cardiaques et respiratoires, ses symptômes… En consultant la plateforme, le médecin peut alors recontacter son patient dans la journée s'il le juge nécessaire. Terr-eSanté favorise ainsi la télésurveillance », précise Auguste Laplace.
…et sécuriser davantage la délivrance
Actuellement, en Île-de-France, 400 officinaux (sur les 4000, au total) ont ouvert un compte sur Terr-eSanté. « Globalement, un pharmacien sur deux accepte d'ouvrir un dossier Terr-eSanté en tant que professionnel, lorsqu'on le lui propose. Fin 2018, 2 000 dossiers patients étaient ouverts contre 30 000, fin 2020 », note Auguste Laplace. L'un des facteurs clés de la réussite d'une plateforme numérique est la convergence des systèmes : tous les logiciels doivent communiquer entre eux. L'ergonomie, l'adhésion et la valeur ajoutée pour les patients et les professionnels contribuent également à son succès. « Avec cette plateforme, l'officinal a une connaissance plus fine du patient ; il a accès au même niveau d'informations que le pharmacien hospitalier. Outre le fait qu'il peut voir l'ensemble du dossier clinique du patient, il peut y recevoir les conciliations médicamenteuses, les sorties hospitalières, les examens complémentaires… », assure Auguste Laplace. Il peut également alimenter le dossier du patient par ses délivrances et son opinion pharmaceutique à l'issue d'entretiens ou de consultations en officine… « La délivrance du médicament est, ainsi plus sécurisée. Par la production de notes de vigilances, d'alertes, de chats avec les autres professionnels de santé, le pharmacien participe plus activement à la coordination des soins et au décloisonnement ville-hôpital », souligne Auguste Laplace.
Enfin, Terr-eSanté devrait optimiser la prise en charge du patient en évitant, par exemple, les examens redondants. « Tout cela, en respectant son consentement puisque c'est lui qui valide son cercle de soins via la plateforme. Cet outil ne sera peut-être pas utilisé par tous. Mais il me paraît très approprié à la gestion des patients pris en charge dans les communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS) », conclut Auguste Laplace.
* TSN est un programme gouvernemental bénéficiant de 80 millions d’euros, inscrit dans le cadre du programme investissements d’avenir (PIA) sur la période 2014-17.
D'après une séance de l'Académie nationale de pharmacie (Visioconférence du 4 novembre 2020).
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