Le Laboratoire Organon diffuse dans un spot sur les ondes de RTL un message selon lequel il aligne les prix de 22 de ses princeps sur ceux des génériques. Un message publicitaire qui a été reçu cinq sur cinq par les pharmaciens.
C'est un nouvel exemple de l'effet pervers de l'article 66 à la loi de financement de la Sécurité sociale pour 2019. Car si celui-ci, destiné à promouvoir les génériques, a réussi son objectif, faisant gagner 3,5 points au taux de substitution depuis 2019, pour atteindre 83,5 % aujourd'hui, cet article 66 a également incité les fabricants de princeps à aligner leur prix sur ceux des génériques.
Le phénomène déjà largement répandu, connaît aujourd’hui un nouvel avatar. Car non content de cet alignement, un laboratoire communique désormais auprès du grand public. C'est le cas d'Organon dont les messages publicitaires sur RTL ce matin, ont indigné plus d'un pharmacien. Le laboratoire Organon annonce en effet qu'il rend accessibles 22 médicaments originaux d’usage quotidien, les « Organon Originals », au même prix que les génériques, sans reste à charge pour le patient.
Un pari risqué, selon Laurent Filoche, président de l'Union des groupements de pharmaciens d'officine (UDGPO). Car, souligne-t-il, s'il en a totalement le droit, ce laboratoire va se mettre à dos ses distributeurs. « Cette nouvelle tentative, ne va pas dissuader les pharmaciens de substituer, bien au contraire, ils en ont aussi le droit ! », lance-t-il. Stéphane Joly, président du Gemme, n'est pas surpris par cette incursion médiatique d'Organon. « Cela fait trois ans que j'attire l'attention sur ce phénomène que je prévoyais. J'étais persuadé que des laboratoires sauteraient le pas », déclare-t-il. Le spot radio d'Organon signe un changement de paradigme. Car si 50 % des princeps sont aujourd'hui « alignés », notamment par le biais des TFR, cette information échappe encore au grand public. « Or si la publicité fait son effet, les patients vont demander le princeps au prix aligné. Les prescripteurs seront incités à suivre les demandes des patients, d'autant qu'ils seront informés, en parallèle, par les visiteurs médicaux », dénonce-t-il, redoutant que, si cette campagne publicitaire venait à se traduire dans les chiffres de ventes, d'autres laboratoires seraient tentés de se lancer, eux aussi, dans des campagnes de communication grand public.
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