Décidément, le choix des deux premiers groupes de biosimilaires substituables par les pharmaciens ne suscite que l’incompréhension. Après les syndicats de pharmaciens et le think tank Biosimilaires, c’est au tour du GERS, chiffres en main, de souligner le potentiel de filgrastim et pegfilgrastim. Une incompréhension aussi pour le Laboratoire Amgen qui demande des explications sur les critères de décision et reste convaincu que seule l'interchangeabilité par le médecin est la solution.
L’idée était pourtant de cibler, pour la substitution par le pharmacien, des groupes de biosimilaires dont le taux de pénétration était au moins de 10 points sous la cible des 80 %. Et ce n’est pas ce qui manque. Mais la liste de deux molécules finalement choisies ne répond que partiellement à cet objectif. Alors que les pharmaciens espéraient pouvoir substituer le Lovenox (énoxaparine), « médicament biologique le plus aisément substituable en pharmacie » selon Pierre-Olivier Variot, président de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO), ce sont finalement les groupes du filgrastim (Neupogen) et du pegfilgrastim (Neulasta) qui ont été choisis.
Tout comme le think tank Biosimilaires, composé de fabricants de biosimilaires et d’associations de patients, l’avait souligné lors de la parution de cette liste en avril dernier, le GERS s’est étonné à son tour mardi, graphiques à l’appui. Le filgrastim, déjà à 95 % de taux de pénétration en janvier 2021, affiche une courbe parfaitement plate et reste donc à 95 % à mai 2022. Le pegfilgrastim, à un peu plus de 70 % en janvier 2021, progresse doucement pour atteindre les 77 % à fin mai 2022. Ce qui pousse Patrick Oscar, délégué général du GIE GERS et directeur général du GERS Data, à s’interroger sur les raisons du choix de ces deux groupes de biosimilaires, pour lesquels « le potentiel de gain est très faible » et dont « l’impact global sera peu important », même si le taux de pénétration du pegfilgrastim atteint les 90 % à la fin de l’année.
Dans un état des lieux publié par l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) en mai dernier, celle-ci défendait une mise en place très progressive de la substitution biosimilaire pour « garantir le bon usage et la sécurité d’utilisation » des médicaments concernés, mais aussi « l’adhésion des patients et de l’ensemble des professionnels de santé aux conditions et contraintes liées à une possible substitution ».
Ce qui n'explicite pas les critères retenus pour le choix des deux molécules substituables, sachant que le travail de concertation mené en amont de la décision avec toutes les parties prenantes, note la présidente d'Amgen France, Corinne Blachier-Poisson, avait concerné le pegfilgrastim et la somatropine. Le laboratoire exige donc la transparence sur les critères de choix des biosimilaires substituables, d'autant qu'Amgen est titulaire des biomédicaments d'origine des deux molécules choisies. Et a insisté, à l'occasion d'un atelier presse ce matin, sur sa vision tournée vers l'interchangeabilité par les médecins comme « meilleur moyen d'augmenter la pénétration des biosimilaires », affirmant que « la substitution systématique n'existe dans aucun autre pays alors que nombre d'entre eux affichent un taux de pénétration biosimilaire bien plus élevé que la France ».
Les pharmaciens français ont pourtant démontré leur force de persuasion ces 20 dernières années avec le générique. Il faudra attendre que la substitution biosimilaire commence réellement en France pour évaluer leur implication. Car malgré le droit de substitution consacré par la loi de financement de la Sécurité sociale (LFSS) 2022 et l'arrêté d'avril dernier publiant la liste des groupes substituables, ils sont toujours dans l’attente d’un arrêté « qui doit égaliser nos marges entre médicaments biosimilaires et biologiques », rappelle Pierre-Olivier Variot. Faute de quoi, les confrères n’ont à ce jour aucun intérêt à substituer, sauf à vouloir perdre de l’argent.
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