On peut imaginer le soulagement que fut à l’époque l’invention de l’irrigateur du Dr Eguisier, venu en remplacement des seringues, clysopompes et autres gros clystères qui ne donnaient pas satisfaction dans leur mise en pratique. En effet, ce nouvel irrigateur, breveté en 1842, avait la bonne idée de pouvoir s’utiliser seul, en toute autonomie, sans recours à un praticien. Et pour cela, le corps médical et pharmaceutique applaudit son usage. Les pharmaciens le mirent alors en bonne place dans leur catalogue de vente, à divers tarifs selon le matériau et la consistance du récipient. Ces fameux irrigateurs étaient reconnaissables au cartouche qu’ils portaient tous sur leur réservoir cylindrique et qui indiquaient « Seul véritable irrigateur du Dr Eguisier », afin d’éviter les contrefaçons.
En musique
Apparaissent aussi très vite les initiales T et L pour Tollay et Martin, la société qui racheta le brevet au premier exploitant, un certain François Libault-Despruneaux, fabricant d’instruments de chirurgie en gomme qui aida vraisemblablement Eguisier à concevoir son instrument, afin de les perfectionner. D’autres irrigateurs firent leur apparition entre 1860 et 1880 tel que l’irrigateur « piston Giffard » accompagné d’une jolie montgolfière en logo, ou l’irrigateur en verre Filiat récompensé à l’Exposition Universelle de 1878. Mais seul l’irrigateur du Dr Eguisier connut un véritable succès jusque dans les années 1920. Il fut donc le compagnon des patients durant plus de 50 ans. Constitué d’un réservoir cylindrique d’environ 500 ml contenant un piston, il était surmonté d’une clef de remontoir et à la base se trouvait un robinet sur lequel on fixait un tube prolongé d’une canule. Le docteur Maurice Eguisier, gynécologue, le décrivit lui-même ainsi : « un instrument au moyen duquel les injections se font seules, ressortent du vagin sans mouiller la malade, ni ses vêtements, durent sans interruption tout le temps nécessaire, et peuvent être retenues dans les parties affectées aussi longtemps que le désirerait la malade ou le médecin ». Si son premier usage est le soin de la « matrice » féminine, il fut ensuite également utilisé pour des injections dans d’autres parties du corps : vessies, bouches… Mais le plus amusant reste que, pour les plus sophistiqués, ils étaient assortis d’une boîte à musique qui jouait « Boccace Valse » ou « Le Petit Duc » de Charles Lecocq dont les notes démarraient dès l’ouverture du robinet et accompagnaient le flux continu du jet salvateur, antiseptique ou spermicide.
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